Les emplois de parfait du passé simple en français
Details

UNIL restricted access
State: Public
Version: After imprimatur
License: All rights reserved
Serval ID
serval:BIB_A0F5190C862D
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Les emplois de parfait du passé simple en français
Director(s)
Zufferey Joël
Codirector(s)
Patard Adeline
Institution details
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Publication state
Accepted
Issued date
04/04/2025
Language
french
Abstract
Cette thèse porte sur la concurrence du passé simple (PS) et du passé composé (PC), et plus généralement sur la concurrence entre le PS et les temps composés, dans les énoncés à lecture de parfait. Nous nous concentrons dans ce travail notamment sur le PS en emploi de parfait d’expérience et de parfait continuatif.
Les temps simples du français semblent incompatibles avec une lecture de parfait étant donné qu’ils sont supposés renvoyer au déroulement même du procès, et non à sa phase post-processuelle. Les emplois expérientiel et continuatif du PS posent donc un problème dans la mesure où la morphologie (temps simple) est apparemment en désaccord avec le sens (parfait). Le PS en emploi de parfait se présente en quelque sorte comme un hors-la-loi qui ne se conforme pas au système en place, qui va brouiller les choses. Il n’entre dans aucun modèle disponible sur les temps verbaux, et pourtant son usage n’est pas cantonné à de simples expressions figées.
Dans nos analyses, nous nous intéressons particulièrement, mais non exclusivement, au français du XVIIIe siècle, qui constitue à bien des égards une époque charnière dans l’évolution de la concurrence du PC et du PS. À cette époque, les lectures de parfait d’expérience et de parfait continuatif du PS existent encore, alors que les temps composés, et notamment le PC, ont bien supplanté le PS comme marqueur de la valeur de parfait. Le système des temps verbaux a changé plus vite que certaines pratiques discursives, vu que le PS a perdu sa valeur de parfait (en langue), alors que dans certains co(n)textes, il a maintenu un emploi de parfait (en discours). Il s’agit d’un phénomène de rémanence, qui va de pair avec des colligations.
Outre la description du paradoxe aspectuo-temporel des emplois de parfait du PS, nous spécifions en particulier les contextes linguistiques où le PS est susceptible de recevoir une interprétation de parfait d’expérience et de parfait continuatif. La lecture expérientielle du PS repose essentiellement sur la présence de quantifieurs de fréquence (jamais, souvent, rarement), d’occurrences (plus d’une fois, mille fois), du référent sujet (nul, aucun), de l’intervalle de validation (de ma vie, de mémoire d’homme), ainsi que de marqueurs existentiels (déjà, jamais non-négatif). L’interprétation continuative se rencontre surtout avec l’adverbe toujours et ses équivalents sémantiques (de tout temps, dans tous les temps, de tous les âges) ainsi que dans des clauses contenant un syntagme prépositionnel ou une circonstancielle temporelle introduits par depuis ou dès.
À l’aide d’une étude sur corpus nous mettons en lumière aussi d’autres éléments soumis à la routinisation du PS expérientiel, comme la personne grammaticale, le verbe employé, la nature du sujet et son déterminant, la présence de morphèmes comparatifs, etc. Nos données révèlent à la fois la diversité des énoncés expérientiels au PS et leur caractère routinisé, relativement à ceux comportant un temps composé.
Ce travail montre à partir de beaucoup de micro-analyses que le PS peut effectivement endosser une lecture de parfait expérientiel ou continuatif. L’utilisation d’un PS au lieu de celle d’un temps composé ne génère cependant pas des énoncés tout à fait synonymes au niveau sémantico-pragmatique. De façon générale, l’emploi d’un PS (plutôt que d’une forme composée) est accompagné d’un effet d’emphase. Le PS est notamment utilisé quand le locuteur veut mettre en relief le caractère singulier ou extraordinaire de son propos, ou quand il souhaite insister sur la véridicité de son dire.
Les apports principaux de la thèse sont de décrire les emplois de parfait du PS en français classique et moderne, de présenter les colligations qui accompagnent les lectures continuative et expérientielle du PS, ainsi que de rendre compte des effets de sens qui découlent de l’emploi du PS à lecture de parfait comparés à ceux d’une forme composée.
Les temps simples du français semblent incompatibles avec une lecture de parfait étant donné qu’ils sont supposés renvoyer au déroulement même du procès, et non à sa phase post-processuelle. Les emplois expérientiel et continuatif du PS posent donc un problème dans la mesure où la morphologie (temps simple) est apparemment en désaccord avec le sens (parfait). Le PS en emploi de parfait se présente en quelque sorte comme un hors-la-loi qui ne se conforme pas au système en place, qui va brouiller les choses. Il n’entre dans aucun modèle disponible sur les temps verbaux, et pourtant son usage n’est pas cantonné à de simples expressions figées.
Dans nos analyses, nous nous intéressons particulièrement, mais non exclusivement, au français du XVIIIe siècle, qui constitue à bien des égards une époque charnière dans l’évolution de la concurrence du PC et du PS. À cette époque, les lectures de parfait d’expérience et de parfait continuatif du PS existent encore, alors que les temps composés, et notamment le PC, ont bien supplanté le PS comme marqueur de la valeur de parfait. Le système des temps verbaux a changé plus vite que certaines pratiques discursives, vu que le PS a perdu sa valeur de parfait (en langue), alors que dans certains co(n)textes, il a maintenu un emploi de parfait (en discours). Il s’agit d’un phénomène de rémanence, qui va de pair avec des colligations.
Outre la description du paradoxe aspectuo-temporel des emplois de parfait du PS, nous spécifions en particulier les contextes linguistiques où le PS est susceptible de recevoir une interprétation de parfait d’expérience et de parfait continuatif. La lecture expérientielle du PS repose essentiellement sur la présence de quantifieurs de fréquence (jamais, souvent, rarement), d’occurrences (plus d’une fois, mille fois), du référent sujet (nul, aucun), de l’intervalle de validation (de ma vie, de mémoire d’homme), ainsi que de marqueurs existentiels (déjà, jamais non-négatif). L’interprétation continuative se rencontre surtout avec l’adverbe toujours et ses équivalents sémantiques (de tout temps, dans tous les temps, de tous les âges) ainsi que dans des clauses contenant un syntagme prépositionnel ou une circonstancielle temporelle introduits par depuis ou dès.
À l’aide d’une étude sur corpus nous mettons en lumière aussi d’autres éléments soumis à la routinisation du PS expérientiel, comme la personne grammaticale, le verbe employé, la nature du sujet et son déterminant, la présence de morphèmes comparatifs, etc. Nos données révèlent à la fois la diversité des énoncés expérientiels au PS et leur caractère routinisé, relativement à ceux comportant un temps composé.
Ce travail montre à partir de beaucoup de micro-analyses que le PS peut effectivement endosser une lecture de parfait expérientiel ou continuatif. L’utilisation d’un PS au lieu de celle d’un temps composé ne génère cependant pas des énoncés tout à fait synonymes au niveau sémantico-pragmatique. De façon générale, l’emploi d’un PS (plutôt que d’une forme composée) est accompagné d’un effet d’emphase. Le PS est notamment utilisé quand le locuteur veut mettre en relief le caractère singulier ou extraordinaire de son propos, ou quand il souhaite insister sur la véridicité de son dire.
Les apports principaux de la thèse sont de décrire les emplois de parfait du PS en français classique et moderne, de présenter les colligations qui accompagnent les lectures continuative et expérientielle du PS, ainsi que de rendre compte des effets de sens qui découlent de l’emploi du PS à lecture de parfait comparés à ceux d’une forme composée.
Keywords
temps verbal, aspect, parfait, passé simple, temps composés, parfait d'expérience, parfait continuatif
Create date
15/04/2025 8:31
Last modification date
05/06/2025 7:19