Introduction
La myocardite est généralement bénigne, mais elle peut dans certains cas menacer le pronostic vital des patients qui la contractent. Son diagnostic a donc des implications thérapeutiques. Cependant, il peut être difficile à établir, en raison d'une clinique variable et d’examens complémentaires peu contributifs.
Le diagnostic de certitude de myocardite peut être posé sur la base d'une biopsie endomyocardique. L’analyse histologique peut révéler la présence d'une inflammation dans le myocarde et orienter vers une étiologie. Cependant, cet examen est un geste invasif pouvant engendrer des complications. D'autre part, la répartition focale des infiltrats inflammatoires peut amener vers un résultat faussement négatif. Il paraît nécessaire à l'avenir de pouvoir développer d'autres techniques diagnostiques.
Une technique d’imagerie récente permet de mettre en évidence la myocardite : le PET/CT 68Ga-DOTATOC. Elle cible les récepteurs de type II à la somatostatine (SSTR2). Ainsi, une étude par immunohistochimie (IHC) utilisant un anticorps marqué et dirigé contre SSTR2 sur le matériel de biopsie endomyocardique pourrait amener une contribution significative à l'établissement du diagnostic et une valeur prédictive du PET/CT DOTATOC.
Méthode
Tout d’abord, la coloration immunohistochimique ciblant les SSTR2 a été mise au point sur des biopsies de patients atteints de myocardite. Ensuite, nous avons appliqué cette technique à des biopsies de patients avec suspicion de myocardite ayant subi une biopsie et un PET/CT DOTATOC. Nous avons ensuite comparé les résultats obtenus en IHC et à l’imagerie.
Résultats
La mise au point de la coloration nous a permis de voir que ce sont les cellules inflammatoires qui expriment SSTR2 dans le myocarde. En revanche, les myocytes, saints ou nécrotiques, n’ont aucune expression du SSTR2.
En ce qui concerne la comparaison des deux techniques, alors que 75% des cas étaient positifs à l’imagerie, 0% des cas l’étaient à l’immunohistochimie. Les résultats ne sont pas concordants.
Conclusion
La coloration IHC SSTR2 n’a pas d’utilité pour le diagnostic de myocardite. Elle cible les infiltrats leucocytaires, qui sont visibles avec une simple coloration hématoxyline et éosine. La comparaison des résultats observés à l’IHC SSTR2 et au PET/CT 68Ga-DOTATOC ouvrent la porte sur beaucoup d’interrogations, montrant encore une fois la difficulté à poser le diagnostic de myocardite.