Dans cet article, nous revenons sur les modes d’utilisations du tirage au sort dans la République helvétique (1798-1803), qui institue le premier embryon d’État centralisé en Suisse. Il apporte un éclairage nouveau sur les pratiques et les logiques politiques d’utilisation du hasard durant cette période. Cette contribution y décrit la complexité des procédures de sélection et de désélection des représentants politiques et montre que le sort y est principalement utilisé pour son impartialité et plus faiblement pour ses vertus égalitaires. Sur cette base, cet article montre que la République helvétique constitue une période charnière entre l’époque prérévolutionnaire et la Suisse fédérale de 1848, durant laquelle les fondements de nos systèmes démocratiques représentatifs modernes sont en train de se construire, et qu’elle représente un moment essentiel pour comprendre la disparition du tirage au sort de la scène politique européenne.