Mobiliser les trajectoires émotionnelles pour raconter la désistance : récits de vie en transition, de l’établissement carcéral à la société libre
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State: Public
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Serval ID
serval:BIB_8F5D9FBAB1C2
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Mobiliser les trajectoires émotionnelles pour raconter la désistance : récits de vie en transition, de l’établissement carcéral à la société libre
Director(s)
Jendly Manon
Institution details
Université de Lausanne, Faculté de droit, des sciences criminelles et d'administration publique
Publication state
Accepted
Issued date
2020
Language
french
Abstract
Cette thèse de doctorat s’intéresse au processus de désistance en attachant une importance particulière aux états affectifs qui accompagnent ce cheminement vers un mode de vie conventionnel. Quel(s) affect(s) influencent ce processus de changement ? Comment soutiennent-ils le désengagement de conduites délinquantes ou, au contraire, se présentent-ils comme un obstacle ? En regard de quelle(s) situation(s) et à quel(s) moment(s) ? Il s’agit-là d’autant de questions auxquelles ce travail entend donner des éléments de réponses, à partir de l’analyse de propos recueillis auprès de personnes judiciarisées.
Nous avons mené 50 entretiens, réitérés à deux ou trois reprises auprès des mêmes enquêtés, sous la forme de récits de vie lors de notre première rencontre et d’entretiens semi-structurés, à l’occasion des suivantes. Les données présentées ici ont été récoltées entre le printemps 2018 et l’été 2020, en milieu fermé et ouvert. Elles impliquent 23 hommes et une femme, adultes, condamnés, incarcérés puis libérés d’établissements pénitenciers fermés en Suisse romande. Elles ont parfois été complétées par des productions d’écriture libre que des participants à l’étude ont souhaité partager avec nous. Ce matériel restitue dans leur forme la plus spontanée les expériences et ressentis de la personne qui les vit et constitue une source de données particulièrement originale pour étudier les sorties de délinquance.
Privilégiant une perspective phénoménologique, nous avons travaillé l’ensemble des témoignages recueillis en continu, en portant une attention particulière aux états affectifs qui les rythment. En réitérant nos rencontres et en nous intéressant aux parcours de vie de nos enquêtés, nous avons cherché à saisir au plus près le sens qu’ils attribuent aux dynamiques affectives, cognitives et sociales qui influencent les processus de désistance, en regard des événements, relations, difficultés ou réussites auxquels ils les associent. Nous avons ensuite systématiquement confronté les analyses en ressortant à notre propre démarche réflexive, soutenue par un carnet de bord alimenté tout au long de la recherche et analysé de manière structurée à son issue. Ce faisant, il nous a été permis d’affiner les pistes analytiques obtenues et de tenir compte de nos propres représentations et émotions dans le processus de production des connaissances.
Il ressort des résultats de notre recherche que le processus de désistance et ses états affectifs associés s’apparente à la recherche d’un juste équilibre. Selon notre grille de lecture, les personnes les plus enclines à adopter progressivement un mode de vie conventionnel seraient celles qui parviennent dans la durée 1) à ne pas perdre leurs objectifs de vue et les atteindre en dépit du stress et des inquiétudes de ne pas y parvenir ;
2) à surmonter les obstacles rencontrés malgré les déceptions et les découragements qu’ils sont enclins à susciter, enfin 3) à mobiliser les ressources nécessaires au maintien d’un juste degré d’espoir et de motivation, suffisant pour avancer sans risquer pour autant d’en souffrir trop. Dans ce cadre, le fait d’accepter un chemin sinueux jalonné de ces kystes émotionnels apparait pour nos enquêtés inéluctable, à défaut sinon de se trouver immobilisés dans des configurations nuisibles qui feraient entrave au processus de changement et à l’évolution de leur situation.
Cette quête d’équilibre est d’autant plus vertigineuse qu’elle s’inscrit le plus souvent dans la continuité de parcours de vie déjà fragilisés d’épreuves et de vulnérabilités, que le contact au système de justice pénale et à l’institution carcérale vient encore renforcer. La détention contraint non uniquement les corps, mais aussi les pensées et les états affectifs qui, bridés, dissimulés, discrédités, façonnent le rapport aux émotions bien au-delà de la période d’incarcération. La sortie de prison est ici particulièrement révélatrice : elle s’accompagne d’affects aussi intenses qu’ambivalents, qui revêtent un caractère déterminant dans la poursuite d’un parcours désistant. Ainsi convient-il notamment d’idéaliser le moins possible le retour en milieu libre pour limiter le choc de la libération, et pallier aux mouvements de fermeture émotionnelle et de repli sur soi expérimentés dedans, par des dynamiques de (ré)ouverture par rapport à soi, aux autres et à la société.
Les kystes émotionnels désistants qui décrivent les formes que prennent les états affectifs les plus révélateurs du processus de désistance, comme les mécanismes d’émotions (dés)incarcérées, sont intimement liés au développement et au maintien de relations conventionnelles estimées. Notre recherche démontre que ces relations sont usuellement qualifiées de soutenantes au travers de leurs aptitudes à 1) permettre de décompresser et réduire les tensions (« relation soupape » / « soothing relationship ») ; 2) alerter et apporter de la nuance (« relation amis critiques » / « eyes opening relationship ») ; 3) se situer soi-même et son évolution dans l’espace et le temps (« relation repère » / « guiding relationship ») ; 4) interpeler et remémorer le sens du changement (« relation rappel » / « enlightening relationship ») ; 5) apporter de la considération (« relation support » / « caring relationship »), enfin 6) renforcer les changements positifs et rendre visible les réussites (« relation mise en valeur » / « enhancing relationship »). De fait, la présence de relations soutenantes revêt généralement un rôle décisif en présence de points de détournement (« diverting points »), entendus comme autant d’obstacles au processus de changement.
Quatre catégories d’obstacles ressortent de l’analyse des propos recueillis auprès des enquêtés. Des barrières administratives, institutionnelles, législatives et sociétales. Leur nature, plurielle et souvent cumulée, conjuguée à la charge émotionnelle qu’elles entrainent, nous rappelle que le processus de désistance se doit aussi d’être lu à l’aune de composantes structurelles et systémiques ordinairement associées à la criminalité. Autrement dit, cette recherche confirme que les sorties de délinquance ne peuvent reposer uniquement sur les seules épaules des individus et nécessitent d’être investies par des politiques publiques autres que les seules politiques criminelles, tels des programmes de soutien aux populations les plus vulnérables aux risques économiques et sociaux.
Plusieurs de nos enquêtés relayent ainsi avoir connu dans leur parcours de vie, momentanément des périodes sans le sou, et durablement une situation financière extrêmement tendue assurant tout juste leurs besoins minimaux, parfois même avec de l’aide d’urgence. Quelques-uns ont vécu dans la rue et tous des périodes de grande vulnérabilité. Tous ou presque rapportent avoir rencontré des difficultés majeures pour accéder à une rémunération permettant une autonomie financière, en raison d’un emploi trop faiblement rétribué dans les institutions d’aide à l’insertion socio-professionnelle et/ou d’un marché du travail particulièrement dur d’accès. Plus de la majorité d’entre eux enfin ne sont pas au bénéfice d’une situation administrative stable, ce qui questionne frontalement les processus de désistance des personnes sans statut de séjour jusqu’alors invisibles et invisibilisées.
C’est ainsi que, de manière inattendue, les analyses élicitées par cette recherche mettent en évidence les expériences, états affectifs et processus de désistance d’une population
spécifique : les personnes judiciairisées sans titre de séjour valable sur le territoire suisse ou qui voient celui-ci remis en cause suite à la commission d’une infraction pénale. Force est ici de constater que les référentiels existants dans la littérature sur le processus de désistance ne s’appliquent pas, ou que partiellement, aux personnes en situation irrégulière. La réactivation de notre grille de lecture relative au processus de désistance et ses états affectifs associés dévoile toutefois quelques pistes de réflexion qui nécessitent assurément l’attention de recherche futures : dans une telle configuration, il est question de projets de survie tant l’incertitude liée à la situation administrative occupe toute la place. Il en va de même des affects éprouvés qui ne doivent en aucun cas prendre le dessus et bousculer tout espoir de voir une évolution favorable à sa situation. Mais aussi, le caractère immuable des barrières structuelles en présence semble solliciter plus encore la mobilisation de ressources individuelles en réponse à l’adversité qui caractérise les situations dans lesquelles se trouvent les personnes judiciarisées en situation irrégulière.
Au-delà de ces éléments matériels, un apport de ce travail doctoral réside dans les perspectives offertes par deux innovations méthodologiques sur lesquelles il s’appuie. La première concerne l’utilisation de témoignages écrits de justiciables eux-mêmes pour étudier le processus de désistance et les états affectifs qui lui sont associés. La démarche d’écriture profile plusieurs fonctions susceptibles de contribuer aussi bien au processus de désistance lui-même qu’au développement de nos connaissances à ce sujet : 1) une fonction « échappatoire » (« means of escape ») pour passer le temps, se changer les idées ou encore atténuer des sentiments de solitude ; 2) une fonction « soupape » (« relief ») pour apaiser des états affectifs impactant ; 3) une fonction « repère » (« compass ») pour se souvenir et se rappeler de petites réussites qui risqueraient de devenir invisibles en regard des épreuves rencontrées ; 4) une fonction « réflexive » (« reflexivity ») qui soutient une recherche de sens attribuée au changement et à ses trajectoires de vie, enfin
5) une fonction « expression » (« voice ») en tant que moyen de partager son parcours et en faire bénéficier autrui. La deuxième innovation se propose d’élever au rang d’outil d’enquête et de source de données complémentaire le carnet de bord de la chercheuse elle-même. Sur foi d’une démarche réflexive et structurée, nos propres expériences, ressentis et représentations ont été systématiquement recensés et questionnés pour appuyer la démarche phénoménologique de distanciation de nos préconceptions, d’activation de nos remises en question et de contribution à la production d’un savoir panaché et co-construit.
Enfin, ce travail doctoral s’achève par une mise en perspective des contributions théoriques de cette recherche en regard de politiques et pratiques intimement liées à des problématiques sociales d’actualité. Sur base de ces réflexions, notre conclusion en appelle à la création de ponts et de lieux de partage pluriels, dans le milieu académique, au sein des milieux décisionnels et au cœur de la société civile, aux côtés des populations judiciarisées. Ce faisant, il en appelle aussi à poursuivre les recherches non pas seulement sur, mais surtout avec ces dernières.
Nous avons mené 50 entretiens, réitérés à deux ou trois reprises auprès des mêmes enquêtés, sous la forme de récits de vie lors de notre première rencontre et d’entretiens semi-structurés, à l’occasion des suivantes. Les données présentées ici ont été récoltées entre le printemps 2018 et l’été 2020, en milieu fermé et ouvert. Elles impliquent 23 hommes et une femme, adultes, condamnés, incarcérés puis libérés d’établissements pénitenciers fermés en Suisse romande. Elles ont parfois été complétées par des productions d’écriture libre que des participants à l’étude ont souhaité partager avec nous. Ce matériel restitue dans leur forme la plus spontanée les expériences et ressentis de la personne qui les vit et constitue une source de données particulièrement originale pour étudier les sorties de délinquance.
Privilégiant une perspective phénoménologique, nous avons travaillé l’ensemble des témoignages recueillis en continu, en portant une attention particulière aux états affectifs qui les rythment. En réitérant nos rencontres et en nous intéressant aux parcours de vie de nos enquêtés, nous avons cherché à saisir au plus près le sens qu’ils attribuent aux dynamiques affectives, cognitives et sociales qui influencent les processus de désistance, en regard des événements, relations, difficultés ou réussites auxquels ils les associent. Nous avons ensuite systématiquement confronté les analyses en ressortant à notre propre démarche réflexive, soutenue par un carnet de bord alimenté tout au long de la recherche et analysé de manière structurée à son issue. Ce faisant, il nous a été permis d’affiner les pistes analytiques obtenues et de tenir compte de nos propres représentations et émotions dans le processus de production des connaissances.
Il ressort des résultats de notre recherche que le processus de désistance et ses états affectifs associés s’apparente à la recherche d’un juste équilibre. Selon notre grille de lecture, les personnes les plus enclines à adopter progressivement un mode de vie conventionnel seraient celles qui parviennent dans la durée 1) à ne pas perdre leurs objectifs de vue et les atteindre en dépit du stress et des inquiétudes de ne pas y parvenir ;
2) à surmonter les obstacles rencontrés malgré les déceptions et les découragements qu’ils sont enclins à susciter, enfin 3) à mobiliser les ressources nécessaires au maintien d’un juste degré d’espoir et de motivation, suffisant pour avancer sans risquer pour autant d’en souffrir trop. Dans ce cadre, le fait d’accepter un chemin sinueux jalonné de ces kystes émotionnels apparait pour nos enquêtés inéluctable, à défaut sinon de se trouver immobilisés dans des configurations nuisibles qui feraient entrave au processus de changement et à l’évolution de leur situation.
Cette quête d’équilibre est d’autant plus vertigineuse qu’elle s’inscrit le plus souvent dans la continuité de parcours de vie déjà fragilisés d’épreuves et de vulnérabilités, que le contact au système de justice pénale et à l’institution carcérale vient encore renforcer. La détention contraint non uniquement les corps, mais aussi les pensées et les états affectifs qui, bridés, dissimulés, discrédités, façonnent le rapport aux émotions bien au-delà de la période d’incarcération. La sortie de prison est ici particulièrement révélatrice : elle s’accompagne d’affects aussi intenses qu’ambivalents, qui revêtent un caractère déterminant dans la poursuite d’un parcours désistant. Ainsi convient-il notamment d’idéaliser le moins possible le retour en milieu libre pour limiter le choc de la libération, et pallier aux mouvements de fermeture émotionnelle et de repli sur soi expérimentés dedans, par des dynamiques de (ré)ouverture par rapport à soi, aux autres et à la société.
Les kystes émotionnels désistants qui décrivent les formes que prennent les états affectifs les plus révélateurs du processus de désistance, comme les mécanismes d’émotions (dés)incarcérées, sont intimement liés au développement et au maintien de relations conventionnelles estimées. Notre recherche démontre que ces relations sont usuellement qualifiées de soutenantes au travers de leurs aptitudes à 1) permettre de décompresser et réduire les tensions (« relation soupape » / « soothing relationship ») ; 2) alerter et apporter de la nuance (« relation amis critiques » / « eyes opening relationship ») ; 3) se situer soi-même et son évolution dans l’espace et le temps (« relation repère » / « guiding relationship ») ; 4) interpeler et remémorer le sens du changement (« relation rappel » / « enlightening relationship ») ; 5) apporter de la considération (« relation support » / « caring relationship »), enfin 6) renforcer les changements positifs et rendre visible les réussites (« relation mise en valeur » / « enhancing relationship »). De fait, la présence de relations soutenantes revêt généralement un rôle décisif en présence de points de détournement (« diverting points »), entendus comme autant d’obstacles au processus de changement.
Quatre catégories d’obstacles ressortent de l’analyse des propos recueillis auprès des enquêtés. Des barrières administratives, institutionnelles, législatives et sociétales. Leur nature, plurielle et souvent cumulée, conjuguée à la charge émotionnelle qu’elles entrainent, nous rappelle que le processus de désistance se doit aussi d’être lu à l’aune de composantes structurelles et systémiques ordinairement associées à la criminalité. Autrement dit, cette recherche confirme que les sorties de délinquance ne peuvent reposer uniquement sur les seules épaules des individus et nécessitent d’être investies par des politiques publiques autres que les seules politiques criminelles, tels des programmes de soutien aux populations les plus vulnérables aux risques économiques et sociaux.
Plusieurs de nos enquêtés relayent ainsi avoir connu dans leur parcours de vie, momentanément des périodes sans le sou, et durablement une situation financière extrêmement tendue assurant tout juste leurs besoins minimaux, parfois même avec de l’aide d’urgence. Quelques-uns ont vécu dans la rue et tous des périodes de grande vulnérabilité. Tous ou presque rapportent avoir rencontré des difficultés majeures pour accéder à une rémunération permettant une autonomie financière, en raison d’un emploi trop faiblement rétribué dans les institutions d’aide à l’insertion socio-professionnelle et/ou d’un marché du travail particulièrement dur d’accès. Plus de la majorité d’entre eux enfin ne sont pas au bénéfice d’une situation administrative stable, ce qui questionne frontalement les processus de désistance des personnes sans statut de séjour jusqu’alors invisibles et invisibilisées.
C’est ainsi que, de manière inattendue, les analyses élicitées par cette recherche mettent en évidence les expériences, états affectifs et processus de désistance d’une population
spécifique : les personnes judiciairisées sans titre de séjour valable sur le territoire suisse ou qui voient celui-ci remis en cause suite à la commission d’une infraction pénale. Force est ici de constater que les référentiels existants dans la littérature sur le processus de désistance ne s’appliquent pas, ou que partiellement, aux personnes en situation irrégulière. La réactivation de notre grille de lecture relative au processus de désistance et ses états affectifs associés dévoile toutefois quelques pistes de réflexion qui nécessitent assurément l’attention de recherche futures : dans une telle configuration, il est question de projets de survie tant l’incertitude liée à la situation administrative occupe toute la place. Il en va de même des affects éprouvés qui ne doivent en aucun cas prendre le dessus et bousculer tout espoir de voir une évolution favorable à sa situation. Mais aussi, le caractère immuable des barrières structuelles en présence semble solliciter plus encore la mobilisation de ressources individuelles en réponse à l’adversité qui caractérise les situations dans lesquelles se trouvent les personnes judiciarisées en situation irrégulière.
Au-delà de ces éléments matériels, un apport de ce travail doctoral réside dans les perspectives offertes par deux innovations méthodologiques sur lesquelles il s’appuie. La première concerne l’utilisation de témoignages écrits de justiciables eux-mêmes pour étudier le processus de désistance et les états affectifs qui lui sont associés. La démarche d’écriture profile plusieurs fonctions susceptibles de contribuer aussi bien au processus de désistance lui-même qu’au développement de nos connaissances à ce sujet : 1) une fonction « échappatoire » (« means of escape ») pour passer le temps, se changer les idées ou encore atténuer des sentiments de solitude ; 2) une fonction « soupape » (« relief ») pour apaiser des états affectifs impactant ; 3) une fonction « repère » (« compass ») pour se souvenir et se rappeler de petites réussites qui risqueraient de devenir invisibles en regard des épreuves rencontrées ; 4) une fonction « réflexive » (« reflexivity ») qui soutient une recherche de sens attribuée au changement et à ses trajectoires de vie, enfin
5) une fonction « expression » (« voice ») en tant que moyen de partager son parcours et en faire bénéficier autrui. La deuxième innovation se propose d’élever au rang d’outil d’enquête et de source de données complémentaire le carnet de bord de la chercheuse elle-même. Sur foi d’une démarche réflexive et structurée, nos propres expériences, ressentis et représentations ont été systématiquement recensés et questionnés pour appuyer la démarche phénoménologique de distanciation de nos préconceptions, d’activation de nos remises en question et de contribution à la production d’un savoir panaché et co-construit.
Enfin, ce travail doctoral s’achève par une mise en perspective des contributions théoriques de cette recherche en regard de politiques et pratiques intimement liées à des problématiques sociales d’actualité. Sur base de ces réflexions, notre conclusion en appelle à la création de ponts et de lieux de partage pluriels, dans le milieu académique, au sein des milieux décisionnels et au cœur de la société civile, aux côtés des populations judiciarisées. Ce faisant, il en appelle aussi à poursuivre les recherches non pas seulement sur, mais surtout avec ces dernières.
Create date
14/01/2021 10:34
Last modification date
29/01/2021 6:25