L'examen gynécologique reste l’élément central de la consultation gynécologique alors que dans de nombreuses situations cet examen est possiblement sans intérêt. Selon une étude américaine, les raisons principales de la réalisation de l'examen pelvien en consultation gynécologique sont : l'«adhérence aux pratiques médicales standards », la détection d'un cancer de l'ovaire, l'identification des affections bénignes de l'utérus et des ovaires ainsi que la « réassurance ou l'accommodation aux attentes des patientes» (1). Cependant, pour beaucoup de ces indications, les performances de détection des pathologies par un examen clinique génital sont de faible sensibilité et spécificité, en particulier chez les patientes
asymptomatiques. Selon Norrell et al., 44% des patientes n'ont pas consenti à ce geste, n'en comprennent pas la raison ou éprouvent une gêne quant à l’examen génital (2). En raison de la faible efficience du dépistage de pathologies génitales par l'examen pelvien ainsi qu'à cause de la gêne occasionnée chez les patientes, il est légitime de questionner « les indications, la fréquence, ainsi que les conditions de réalisation de l'examen génital dans la consultation gynécologique en Suisse romande ». Pour cela, nous avons établi un état des lieux de la pratique clinique actuelle auprès des gynécologues pratiquant en Suisse-romande.
Pour se faire une idée de la réalité clinique, des questionnaires ont été créés sur la base de la littérature scientifique et avec l’aide d’expertes du domaine. Puis ceux-ci ont été transmis aux gynécologues romand·e·s par différents moyens (RRFGO, GRSSGO, CHUV, HUG). Le questionnaire se destine aux gynécologues en pratique privée /publique, médecins chef·fe·s de service, médecins chef·fe·s de clinique et médecins assistant·e·s en gynécologie. Il questionne les indications, la fréquence et les conditions de réalisation de l'examen génital. Le questionnaire interroge également si certains facteurs inhérents au praticien tels que l'âge, le genre ou le lieu de pratique ont une influence sur la pratique de l'examen pelvien en
consultation.
Au vu du faible nombre d’études questionnant la pratique clinique des gynécologues romands, cette étude exploratrice donne un aperçu de l’état actuel quant aux indications, à la fréquence et aux conditions de réalisation de l’examen génital en consultation gynécologique. Et ceci, nous permet une première approche comparative entre l'analyse de la littérature/recommandations et les réponses aux questionnaires des praticien·ne·s.