Les groupes socialement défavorisés sont davantage concernés par le tabagisme et tout aussi intéressés à se lancer dans une tentative d’arrêt que d’autres groupe de fumeurs. Des offres de prévention ciblées sont nécessaires pour réduire cette inégalité sociale de santé. Ce projet pilote vise à soutenir la prévention du tabagisme et l’arrêt tabagique auprès de personnes en situation de précarité socioéconomique dans le Canton de Vaud.
Soutenu financièrement par le fonds de la dîme de l’alcool de la Direction générale de la santé, il a été mis en oeuvre par Unisanté, en collaboration avec Caritas Vaud, entre novembre 2021 et juillet 2023. Les objectifs étaient de sensibiliser les professionnel·le·s, bénévoles et usager·ère·s de cette structure ; d’accompagner gratuitement les bénéficiaires qui souhaitent arrêter ou diminuer leur consommation ; et de contribuer à la dénormalisation du tabagisme au sein d’une institution d’action sociale.
Un total de 20 professionnel·le·s et bénévoles ont participé à des séances d’information et sensibilisation. Un focus group a été mené pour adapter le projet aux besoins du groupe-cible. Entre décembre 2022 et avril 2023, des séances d’information, puis des consultations d’aide à l’arrêt et des ateliers thématiques ont été déployés pour les bénéficiaires de Caritas Vaud. 26 bénéficiaires ont participé aux séances d’information et 10 se sont inscrits aux consultations médicales. Une moyenne de 6 participant·e·s étaient présent·e·s lors des ateliers thématiques. Les consultations étaient assurées dans les Centre d'appui social et d'insertion (CASI) de Caritas Vaud par une médecin assistante qui remettait gratuitement aux bénéficiaires des substituts nicotiniques ou des cigarettes électroniques avec liquide de recharge pour les aider à atteindre leur objectif d’arrêt ou de diminution.
Les points forts de ce projet pilote sont la gratuité de la consultation médicale et des aides à l’arrêt (substituts nicotiniques, cigarette électronique), la possibilité d’utiliser des cigarettes électroniques, la formation en psychiatrie de la médecin assistante, le déploiement de toutes les activités directement dans les CASI, l’intégration des bénéficiaires et des professionnel·le·s des CASI dès le début.
Les points d’amélioration identifiés sont un suivi médical plus long (idéalement de 6-12 mois), une plus grande implication de bénévoles pour toucher davantage de bénéficiaires, insister davantage sur la diminution que l’arrêt et renforcer le sentiment de légitimité des professionnel·le·s pour aborder la question du tabagisme et de l’arrêt.
Finalement, les pistes de pérennisation proposées sont de poursuivre la formation de professionnel·le·s de l’action sociale pour sensibiliser et orienter vers les ressources d’aide à l’arrêt, la recherche de financement pour l’accompagnement d’autres populations en situation de précarité et le développement de nouvelles collaborations avec d’autres organisations de terrain du domaine de l’action sociale. Au niveau structurel, augmenter le prix du tabac et rembourser les substituts nicotiniques par l’assurance-maladie de base serait des facteurs très favorables pour lever un frein financier considérable pour encourager et soutenir les personnes socio-économiquement défavorisées qui souhaitent arrêter de fumer.