Contexte
Les gonalgies chroniques, souvent causées par l’arthrose, sont fréquentes et en augmentation au sein de la population. L’ablation des nerfs géniculés en antalgie interventionnelle est une alternative efficace lorsque la chirurgie est contre-indiquée ou lors de persistance des douleurs. Avant de procéder à une ablation, au moins 2 blocs diagnostiques positifs sont nécessaires. Mais la valeur prédictive de ces blocs n’est pas encore clairement établie, et une mesure objective et fonctionnelle pourrait conduire à une meilleure sélection des candidats. Les gonalgies ayant un impact sur la marche, nous avons cherché à déterminer si certains paramètres pourraient être utilisés comme mesures objectives de l’efficacité des blocs.
Méthodologie
Nous avons collecté des données concernant la marche des patients à l’aide d’accéléromètres Physilog®5 de Gait Up, sur un aller-retour en ligne droite, de 2x20m, avant et après un bloc diagnostique. Nous avons récolté leurs réponses au questionnaire WOMAC, pour une évaluation subjective des symptômes, avant et 48h après le bloc. Enfin, dans le cadre du suivi clinique habituel de ces procédures, les scores de douleur ont été récoltés dans les heures suivant l’intervention. Nous avons observé l’évolution des paramètres douleur, WOMAC, vitesse, variabilité, asymétrie, cadence, longueur du pas, durée du cycle et durée d’appui pour chaque patient, puis cherché une relation statistiquement significative entre les variations de ces paramètres et de la douleur (corrélation de Pearson et modélisation).
Résultats
8 patients souffrant de gonalgies chroniques ont participé, 6 femmes et 2 hommes, âgés de 50 à 80 ans. Les variations individuelles des paramètres correspondaient aux résultats de la littérature pour la majorité des patients. Mais, au niveau de la cohorte, aucun paramètre de la marche n’était significativement corrélé avec une évolution des douleurs. Cependant, nous avons trouvé une équation reliant la durée d’appui et la variabilité qui semble à même de prédire avec une assez bonne précision l’évolution de la douleur que l’on peut attendre pour chaque patient après un bloc.
Conclusion
L’évaluation de la marche à l’aide d’accéléromètres reste un outil facile d’utilisation et objectif, et la mise en évidence d’une corrélation entre certains paramètres et l’évolution de la douleur apporterait une plus-value à l’évaluation des blocs diagnostiques et donc à la prise en charge des gonalgies chroniques. Il sera intéressant de vérifier si cette relation reste valide sur un plus grand échantillon.