La collection de trente-deux pièces de théâtre biblique contenue dans le manuscrit HM 1 se trouvant à la Huntington Library à San Marino, Californie, et connue sous le nom de « Towneley collection » ou plus anciennement « Wakefield Cycle » demeure à ce jour le groupe de textes dramatiques dont les circonstances de création et réception sont encore les plus méconnues. Nous ignorons toujours qui a réuni ces pièces, quand, où, pourquoi et pour qui. Cependant, le manuscrit lui-même a fait l'objet d'une nouvelle étude codicologique en 2002 qui a révélé une date de création bien plus tardive que ce qui était considéré jusque lors. En effet, le manuscrit a été copié dans les années 1550, ce qui correspond au règne de Mary I Tudor, et au bref retour du catholicisme après et avant les règnes protestants de son père (Henri VIII), son frère (Edouard VI) et sœur (Elizabeth I), et donc une période extrêmement complexe au niveau des conflits confessionnels et rapport à l'imagerie et théâtre religieux. Malheureusement, les avancées obtenues dans l'étude du manuscrit ont eu très peu d'influence sur la recherche qui porte sur les pièces elles-mêmes. Une portion extrêmement limitée de recherche est consacrée à la possibilité d'une révision ou même composition de certaines de ses parties au 16e siècle. Ce retard est en partie dû à la division périodique artificielle entre la fin de l'époque médiévale et le début de l'époque moderne, qui nuit à la collaboration des chercheurs et la circulation du savoir scientifique. Ce projet contribue à la ré-évaluation de la collection selon ces nouveaux paramètres. De fait, plusieurs pièces semblent offrir une réflexion, parfois satirique, sur la négociation et coexistence de paramètres religieux catholiques et réformés. Il démontre que cette collection n'est pas simplement témoin du théâtre de la « vieille religion », compilé et conservé dans un esprit archivistique ou résistant, mais est bien un dialogue dynamique de plusieurs points de contention religieuse qui atteste d'une reconnaissance et interrogation de la complexité idéologique dans laquelle la collection a vu le jour. En particulier, elles traitent les questions de la représentation du corps divin, des miracles et autres symboles de foi, du rapport au texte, d'une façon qui ressemble très peu aux autres collections de mystères anglaises médiévales. C'est donc à travers une analyse littéraire comparatiste qui prend comme point de référence plutôt les productions culturelles de la première moitié du 16è siècle, que cette thèse ré-évalue les intentions des personnes à l'origine de la révision et compilation des pièces de Towneley. En étudiant parallèlement d'autres textes dramatiques mais aussi les textes historiques concernant les débats polémiques de l'époque, ce projet met en lumière les références culturelles du public du manuscrit et donc comment ils/elles pouvaient interpréter ce qu'ils voyaient, lisaient ou entendaient. En particulier, les quatre chapitres se concentrent sur le thème du doute, et démontre comment sa prévalence dans Towneley peut être liée au contexte de scepticisme religieux de ces années. Les bouleversements, désaccords, et changements forcèrent le fidèle à se questionner à titre personnel sur les modalités l'obtention de son salut.