Contexte
Des traumatismes dans l'enfance peuvent engendrer un stress chronique qui affecte négativement de nombreux systèmes de l'organisme, ainsi augmentant sa vulnérabilité. Cette vulnérabilité peut persister toute une vie et pourrait représenter un facteur de risque pour le déclin cognitif de patients atteints de la maladie d'Alzheimer.
Méthode
Ce travail consiste en une analyse préliminaire d’une étude prospective plus large s’intégrant dans la pratique quotidienne du Centre Leenaards de la Mémoire du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois. Son objectif est d’évaluer l’impact des traumatismes infantiles sur le déclin cognitif chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer débutante. 21 patients ont répondu au Childhood Trauma Questionnaire visant à détecter les expériences traumatiques vécues avant l’âge de 18 ans. Puis, le Montreal Cognitive Assessment a permis de mesurer le déclin cognitif sur une période de 6 à 18 mois. Pour finir, des variables confondantes telles que l’âge, le sexe, le niveau socioéconomique, le nombre d’antécédents médicaux ou de comorbidités et les consommations d’alcool et de tabac ont été confrontées à nos résultats.
Résultats
Nous avons inclus 21 patients, dont 11 femmes et 10 hommes, avec un âge moyen de 75,9 ± 6,3 ans.
Nos analyses ne montrent aucune association significative entre un vécu traumatique dans l’enfance et l’adolescence et le déclin cognitif à l’âge avancé. À noter que la négligence émotionnelle est la sous-catégorie de traumatisme la plus récurrente dans notre échantillon d’étude. Nous constatons que le groupe victime de traumatismes présente un niveau d’étude inférieur (60% de formation en apprentissage et 10% de formation universitaire), n’occupe aucun poste de cadre ou de dirigeant et ne consomme pas de tabac.
Indépendamment du vécu traumatique, nous observons que le niveau socioéconomique élevé et le sexe masculin ont un impact tendanciel négatif sur le déclin cognitif. Le nombre d’antécédents médicaux et de comorbidités constitue des facteurs aggravant significativement le déclin cognitif.
Conclusion
Nous ne mettons en évidence aucune association entre les traumatismes infantiles et le déclin cognitif. Cependant, nous observons une influence significative du nombre d’antécédents médicaux et de comorbidités sur le déclin cognitif. De plus, nous constatons un effet protecteur tendanciel, néanmoins non significatif, du sexe masculin ainsi que du niveau socioéconomique élevé sur le déclin cognitif. Un lien indirect passant par ces facteurs sociodémographiques peut être établi entre les traumatismes dans l’enfance et l’adolescence et le déclin cognitif. Il serait intéressant d’étendre cette recherche à d’autres facteurs confondants, tels que la résilience qui reflète les capacités intrinsèques à faire face à un traumatisme.