Cette contribution analyse les rapports complexes que le secteur touristique entretient à la Belle Époque avec l'environnement naturel et bâti. Certes, les promoteurs ont besoin de paysages à l'esthétique romantique et pittoresque pour attirer leur clientèle. De fait, il n'est pas rare de les trouver parmi les défenseurs les plus farouches de la nature et du patrimoine. Cependant, la construction d'infrastructures permettant aux touristes de se loger, de se déplacer ou encore de se divertir contribue à la dégradation de l'environnement. Les acteurs du tourisme se retrouvent ainsi parfois sur le banc des accusés. Le cas de l'Arc lémanique, région touristique suisse au développement précoce et intensif, permet d'illustrer cette tension entre l'épanouissement de l'«industrie des étrangers», comme on la nomme à l'époque, et la préservation de l'environnement. Cette contribution s'attache non seulement à identifier les acteurs du débat et à expliciter leurs discours, mais encore à comprendre les intérêts qui motivent leur action. Elle arrive à la conclusion que les enjeux qui sous-tendent les polémiques sont tout autant économiques et sociopolitiques qu'esthétiques.