Le couvent de Romainmôtier du début de l'époque clunisienne à la fin du XIIe siècle : étude archivistique, diplomatique et historique, suivie de l'édition du chatrier
Details
Serval ID
serval:BIB_6FF3662006AE
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Le couvent de Romainmôtier du début de l'époque clunisienne à la fin du XIIe siècle : étude archivistique, diplomatique et historique, suivie de l'édition du chatrier
Director(s)
Paravicini B. A.
Institution details
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Address
Faculté des lettres Université de Lausanne UNIL - Dorigny Anthropole - bureau 2049 CH-1015 Lausanne SUISSE
Publication state
Accepted
Issued date
2008
Language
french
Number of pages
498
Notes
REROID:R005342361
Abstract
Les chartes de l'ancien couvent de Romainmôtier constituent une source d'information
essentielle pour l'histoire du Pays de Vaud aux Xe et XIe siècles. Toutefois, malgré leur
importance, elles n'ont jamais fait l'objet d'une étude d'ensemble. Les historiens dépendent
encore aujourd'hui de transcriptions partielles et fautives, imprimées au XIXe siècle. Afin de
remédier à cette carence historiographique, Alexandre Pahud, qui a réuni l'ensemble des
documents entre 888 et 1190, propose dans sa thèse de doctorat, soutenue à l'Université de
Lausanne le 25 novembre 2008, une édition critique de tous ces textes, selon les principes de
l'érudition moderne.
Si les Archives cantonales vaudoises conservent la majeure partie de la documentation, d'autres
institutions en Suisse et à l'étranger fournissent un apport substantiel concernant Romainmôtier
avant le XIIIe siècle. Il s'agit en particulier des Archives de l'Etat de Fribourg, des Archives de
l'Etat de Berne et de la Bibliothèque royale de Turin. En raison d'une importante dispersion des
fonds, A. Pahud a entrepris de reconstituer le chartrier du couvent, tel qu'il devait exister à
l'époque médiévale. Pour cela, il s'est basé sur les notes dorsales qui figurent au verso des
parchemins, ainsi que sur les anciens inventaires. La méthode utilisée a permis de retrouver
plusieurs chartes du début de l'an mil, sous la forme de copies intégrales, ainsi qu'une vingtaine
de notices en allemand résumant des actes des Xe-XIIe siècles, tous ces textes étant demeurés
inconnus des spécialistes. Ainsi, la thèse de A. Pahud démontre qu'il est possible d'apporter de
nouveaux matériaux destinés à enrichir notre connaissance de cette période reculée et mal
documentée au niveau local.
En parallèle, l'auteur de la thèse a mené une expertise diplomatique des chartes de Romainmôtier,
c'est-à-dire une étude de leurs caractéristiques matérielles et formelles. A l'examen, il apparaît
que les moines ont davantage acquis de biens qu'ils n'en ont concédé à des tiers, symptôme d'un
patrimoine en voie de formation. Les actes privés, qui relatent des transactions entre le monastère
et ses voisins, représentent le 80% du corpus étudié. Ils sont rédigés tantôt au présent et à la
première personne, tantôt au passé et à la troisième personne, lorsqu'ils ne mélangent pas les deux
types de discours. Leur valeur juridique est assurée par une liste de témoins, à défaut de tout
scellement. Dans la majorité des cas, un unique scribe établit son texte en une seule fois, après la
cérémonie sanctionnant le transfert de propriété. Jusqu'en 1050, ce sont généralement des
personnes extérieures à Romainmôtier qui instrumentent au profit du couvent; par la suite, les
clunisiens reprennent à leur compte la confection des actes qui les concernent. Curieusement, on
constate une disparition radicale de l'acte privé à Romainmôtier entre 1167 et 1198, phénomène
qui tranche complètement sur la conjoncture régionale.
Dans la dernière partie de sa thèse, A. Pahud présente une nouvelle histoire du couvent de
Romainmôtier, qui aborde à la fois les questions politiques et les structures socioéconomiques.
Durant le premier tiers du XIe siècle, les clunisiens de Romainmôtier bénéficient de la protection
du dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III (993-1032), qui fonde la puissance temporelle du
monastère. A cette époque, l'institution est administrée directement par l'abbé de Cluny, Odilon,
responsable de Romainmôtier à titre personnel. Cependant, la disparition de Rodolphe III, dont la
succession est contestée, inaugure une période de grave insécurité dans nos régions. Ces troubles
profitent avant tout aux seigneurs locaux, qui prennent appui sur un château pour imposer leur
domination au détriment des pouvoirs ecclésiastiques. Au milieu du XIe siècle, les possessions de
Romainmôtier, qui s'étendent de chaque côté du Jura, sont menacées par trois puissants lignages,
les Grandson, les Salins et les Joux. Face à cette situation périlleuse, les religieux s'adressent tour à
tour au pape, à l'empereur germanique, ainsi qu'aux comtes de Bourgogne, dépositaires d'une
autorité publique en Franche-Comté. Mais bien souvent, les moines doivent transiger avec leurs
adversaires, en passant avec eux des accords coûteux et fragiles. Cela n'empêche pas qu'une
certaine coopération s'établisse à l'occasion avec le monde laïque, qui contribue par ses aumônes
au développement économique du monastère. Romainmôtier tire ses principales ressources de
l'agriculture, tant au Pays de Vaud qu'en Franche-Comté; le travail de la vigne est bien attesté sur
La Côte, dès la fin du Xe siècle, tandis que l'élevage ne joue qu'un rôle secondaire; là où ils sont
bien implantés, les moines parviennent à prendre le contrôle des moulins; à Salins (France), ils
exploitent eux-mêmes le sel nécessaire à leurs besoins. L'ensemble de ces observations s'appuie
sur des tableaux et des annexes, qui ajoutent à la critique interne des sources une dimension
quantitative. Afin de divulguer les résultats obtenus, A. Pahud envisage de publier prochainement
sa thèse dans les Mémoires et documents de la Société d'histoire de la Suisse romande.
essentielle pour l'histoire du Pays de Vaud aux Xe et XIe siècles. Toutefois, malgré leur
importance, elles n'ont jamais fait l'objet d'une étude d'ensemble. Les historiens dépendent
encore aujourd'hui de transcriptions partielles et fautives, imprimées au XIXe siècle. Afin de
remédier à cette carence historiographique, Alexandre Pahud, qui a réuni l'ensemble des
documents entre 888 et 1190, propose dans sa thèse de doctorat, soutenue à l'Université de
Lausanne le 25 novembre 2008, une édition critique de tous ces textes, selon les principes de
l'érudition moderne.
Si les Archives cantonales vaudoises conservent la majeure partie de la documentation, d'autres
institutions en Suisse et à l'étranger fournissent un apport substantiel concernant Romainmôtier
avant le XIIIe siècle. Il s'agit en particulier des Archives de l'Etat de Fribourg, des Archives de
l'Etat de Berne et de la Bibliothèque royale de Turin. En raison d'une importante dispersion des
fonds, A. Pahud a entrepris de reconstituer le chartrier du couvent, tel qu'il devait exister à
l'époque médiévale. Pour cela, il s'est basé sur les notes dorsales qui figurent au verso des
parchemins, ainsi que sur les anciens inventaires. La méthode utilisée a permis de retrouver
plusieurs chartes du début de l'an mil, sous la forme de copies intégrales, ainsi qu'une vingtaine
de notices en allemand résumant des actes des Xe-XIIe siècles, tous ces textes étant demeurés
inconnus des spécialistes. Ainsi, la thèse de A. Pahud démontre qu'il est possible d'apporter de
nouveaux matériaux destinés à enrichir notre connaissance de cette période reculée et mal
documentée au niveau local.
En parallèle, l'auteur de la thèse a mené une expertise diplomatique des chartes de Romainmôtier,
c'est-à-dire une étude de leurs caractéristiques matérielles et formelles. A l'examen, il apparaît
que les moines ont davantage acquis de biens qu'ils n'en ont concédé à des tiers, symptôme d'un
patrimoine en voie de formation. Les actes privés, qui relatent des transactions entre le monastère
et ses voisins, représentent le 80% du corpus étudié. Ils sont rédigés tantôt au présent et à la
première personne, tantôt au passé et à la troisième personne, lorsqu'ils ne mélangent pas les deux
types de discours. Leur valeur juridique est assurée par une liste de témoins, à défaut de tout
scellement. Dans la majorité des cas, un unique scribe établit son texte en une seule fois, après la
cérémonie sanctionnant le transfert de propriété. Jusqu'en 1050, ce sont généralement des
personnes extérieures à Romainmôtier qui instrumentent au profit du couvent; par la suite, les
clunisiens reprennent à leur compte la confection des actes qui les concernent. Curieusement, on
constate une disparition radicale de l'acte privé à Romainmôtier entre 1167 et 1198, phénomène
qui tranche complètement sur la conjoncture régionale.
Dans la dernière partie de sa thèse, A. Pahud présente une nouvelle histoire du couvent de
Romainmôtier, qui aborde à la fois les questions politiques et les structures socioéconomiques.
Durant le premier tiers du XIe siècle, les clunisiens de Romainmôtier bénéficient de la protection
du dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III (993-1032), qui fonde la puissance temporelle du
monastère. A cette époque, l'institution est administrée directement par l'abbé de Cluny, Odilon,
responsable de Romainmôtier à titre personnel. Cependant, la disparition de Rodolphe III, dont la
succession est contestée, inaugure une période de grave insécurité dans nos régions. Ces troubles
profitent avant tout aux seigneurs locaux, qui prennent appui sur un château pour imposer leur
domination au détriment des pouvoirs ecclésiastiques. Au milieu du XIe siècle, les possessions de
Romainmôtier, qui s'étendent de chaque côté du Jura, sont menacées par trois puissants lignages,
les Grandson, les Salins et les Joux. Face à cette situation périlleuse, les religieux s'adressent tour à
tour au pape, à l'empereur germanique, ainsi qu'aux comtes de Bourgogne, dépositaires d'une
autorité publique en Franche-Comté. Mais bien souvent, les moines doivent transiger avec leurs
adversaires, en passant avec eux des accords coûteux et fragiles. Cela n'empêche pas qu'une
certaine coopération s'établisse à l'occasion avec le monde laïque, qui contribue par ses aumônes
au développement économique du monastère. Romainmôtier tire ses principales ressources de
l'agriculture, tant au Pays de Vaud qu'en Franche-Comté; le travail de la vigne est bien attesté sur
La Côte, dès la fin du Xe siècle, tandis que l'élevage ne joue qu'un rôle secondaire; là où ils sont
bien implantés, les moines parviennent à prendre le contrôle des moulins; à Salins (France), ils
exploitent eux-mêmes le sel nécessaire à leurs besoins. L'ensemble de ces observations s'appuie
sur des tableaux et des annexes, qui ajoutent à la critique interne des sources une dimension
quantitative. Afin de divulguer les résultats obtenus, A. Pahud envisage de publier prochainement
sa thèse dans les Mémoires et documents de la Société d'histoire de la Suisse romande.
Create date
13/09/2010 15:42
Last modification date
29/10/2020 12:29