Contexte: Le déclin cognitif, un phénomène préoccupant dans notre société vieillissante, est influencé par de multiples facteurs génétiques, environnementaux et comportementaux. Les recherches se sont intéressées aux événements négatifs survenant au cours de la vie, divisés en événements négatifs durant l'enfance et ceux à l'âge adulte, pour leurs implications potentielles dans le développement d’un déclin cognitif. Toutefois, les études sur l'impact des événements négatifs de la vie sur le déclin cognitif ont abouti à des conclusions divergentes, rendant la compréhension de ces mécanismes essentielle pour l'élaboration de stratégies d'interventions efficaces. Objectifs : Le but de ce travail est d'évaluer l'impact des événements indésirables de la vie durant l'enfance et à l'âge adulte sur le déclin cognitif au cours d'un suivi de 5 ans chez des personnes âgées de 65 ans et plus ne souffrant d’aucune déficience cognitive initiale.
Méthode : Les donnes analysées sont issues de l’étude CoLaus|PsyCoLaus basées sur un échantillon de la population lausannoise âgé de 35-75 ans, recruté entre 2003 et 2007. Cette étude a pour but d’évaluer les facteurs de risque cardiovasculaire et les troubles psychiques dans la communauté ainsi que leurs associations. Les données utilisées pour ce travail comprennent 470 participants qui ont suivi deux évaluations cognitives consécutives et n’ayant pas de troubles cognitifs lors de la première évaluation. Des analyses descriptives ont été effectuées pour comparer différents facteurs tels que l’âge, le sexe, le niveau d’éducation et la présence d’un trouble dépressif majeur en fonction du déclin cognitif à 5 ans. Par la suite, des régressions logistiques ont été utilisées pour examiner les associations entre les événements indésirables de la vie (score de gravité et nombre d’événements) et le déclin cognitif, en tenant compte des facteurs de confusion potentiels.
Résultats : Au total 156 des 470 participants ont développé un déclin cognitif 5 ans après la première évaluation. Les facteurs significativement associés au déclin cognitif incluent l'âge avancé (p=0,002), le sexe masculin (p=0,001) et un faible niveau d'éducation (p=0,030). Aucune association significative n’a été trouvée entre un épisode dépressif majeur (p=0,600) et le déclin cognitif. De plus, aucun lien significatif n'a été trouvé entre le déclin cognitif et les scores de gravité des événements de vie récents (p= 0,273), ou des événements de vie à distance (p=0,484) ou le nombre d'adversités dans l'enfance (p=0,851). Cependant, les participants faisant partie des 5% avec les scores de gravité des événements de vie à distance les plus élevés avaient près de trois fois plus de risque de développer un déclin cognitif (OR (95Cl)=2,76 (1.16 ; 6.63), p=0,023). Discussion et Conclusion : Cette étude a évalué l'effet des événements indésirables durant l'enfance et l'âge adulte sur le déclin cognitif chez les personnes âgées de 65 ans et plus dans la population lausannoise. Bien qu'aucune association significative n'ait été trouvée pour l'ensemble de l'échantillon, une association a été observée chez les 5% des participants ayant les plus hauts scores de gravité d'événements à distance de plus de 5 ans. L'âge avancé, le sexe masculin et le faible niveau d'éducation sont également associés à un risque accru de déclin cognitif. Malgré ses limitations, l'étude fournit des indices supplémentaires sur l'impact des événements négatifs sur le déclin cognitif, nécessitant des recherches plus approfondies pour mieux comprendre ce lien complexe.