Selon l’Office Fédéral de la Santé Publique, la croissance de la population âgée de 65 ans et plus sera de 84% dans les années à venir. Conformément à ce scénario, la Suisse comptera environ 2.7 millions de personnes de plus de 65 ans en 2045. L’accroissement de la population âgée est dû non seulement aux générations « baby-boom » entrant progressivement dans l’âge de la retraite, mais aussi à l'espérance de vie de plus en plus élevée dans les pays occidentaux.
La définition de la personne âgée n’est pas univoque. Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, toute personne de plus de 60 ans est considérée comme âgée. Les anglo-saxons ont opté pour une classification par tranches d’âge : les young-old (65-74 ans), les old-old (75-84 ans), et les oldest-old (1).
La mortalité des personnes âgées aux soins intensifs, notamment après 80 ans, est élevée selon différentes études (3). L’impact de l’âge chronologique sur le pronostic reste néanmoins controversé. Il est maintenant établi que d’autres facteurs jouent un rôle, comme la fragilité des patients, le diagnostic et la gravité des perturbations physiologiques à l’admission. Le vieillissement se traduit par une augmentation du nombre de comorbidités ainsi que par l’altération des réserves fonctionnelles propres à chaque organe et à chaque individu, ce qui rend la personne âgée très vulnérable (4). En effet, 90% des personnes de plus de 75 ans présentent au moins une comorbidité contre 50% à 50 ans (3).
Les infections compliquées d’un choc septique sont des causes fréquentes d’admission du sujet âgé aux soins intensifs. Leur prise en charge n’est pas aisée notamment en raison d’un diagnostic tardif, dû à une symptomatologie peu spécifique, parfois masquée par une polymédication. En outre, ces patients ont un risque accru d’être infectés par des bactéries multirésistantes en raison d’un contact fréquent avec les milieux de soins. La réanimation initiale par remplissage est souvent compliquée par la présence de comorbidités telle une insuffisance cardiaque gauche. Par ailleurs la survenue d’un choc septique chez la personne âgée entraîne souvent la décompensation de pathologies préexistantes (5,6).
Si la complexité de la prise en charge s’accroit avec l’âge, le pronostic à court terme de patients âgés hospitalisés pour un choc septique est mal connu. Le but de cette étude est donc : a) de déterminer le pronostic à la sortie des soins intensifs et de l’hôpital aigu pour les patients de plus de 75 ans hospitalisés pour un choc septique ; b) d’identifier des facteurs pronostiques d’évolution défavorable. Ceux-ci sont importants à connaître pour l’établissement du projet thérapeutique du patient, notamment la poursuite d’une prise en charge en réanimation en présence de facteurs de mauvais pronostic.