Estrella lausannensis est une bactérie intracellulaire obligatoire faisant partie de l’ordre des Chlamydiales, qui a été décrite pour la première fois en 2011. Elle a été isolée par co-culture amibienne et présente un taux de réplication élevé au sein des amibes du genre Acanthamoeba. Elle est également capable d’infecter un grand nombre de cellules mammifères, de poissons et d’insectes. Cette bactérie présente deux formes de développement : les corps élémentaires, qui sont des particules infectieuses avec un noyau condensé, et les corps réticulés, particules réplicatives non infectieuses présentant un noyau décondensé. Lorsque la bactérie est soumise à un stress, on peut observer un troisième stade de développement, les corps aberrants.
La pathogénicité d’Estrella lausannensis n’a pas encore été formellement mise en évidence, mais la présence dans son génome de facteurs de virulence tels que la catalase et le système de sécrétion de type III la rend capable d’infecter et de survivre dans les cellules phagocytaires professionnelles comme les macrophages.
Pour caractériser l’implication d’une bactérie dans une maladie, une approche consiste à déterminer si un individu présentant une symptomatologie spécifique y a été exposé, par des techniques de sérologie. Un moyen de caractériser la présence d’anticorps spécifiques dans un échantillon sérique est le test ELISA, qui consiste à faire réagir le sérum d’un individu avec des protéines immunogènes de la bactérie. Les anticorps sont mis en évidence par leur réaction avec un anticorps secondaire couplé à une enzyme qui catalyse une réaction chimique libérant un produit coloré.
Pour ce travail, nous avons mis au point et validé un test ELISA spécifique pour Estrella lausannensis, que nous avons utilisé pour caractériser des séra de patients avec et sans pneumonie, dans le but de déterminer si cette bactérie pouvait être liée à des affections respiratoires comme c’est le cas pour d’autres membres de l’ordre des Chlamydiales, dont Chlamydia pneumoniae et Parachlamydia acanthamoebae.
Les résultats des tests ELISA ont mis en évidence, après exclusion des cas douteux (non interprétables selon notre protocole), un pourcentage de 32.47% de patients positifs pour Estrella lausannensis dans le groupe des patients avec une pneumonie, et de 16.80% de patients positifs dans le groupe contrôle. La p-value de 0.015 montre que la différence de pourcentage est statistiquement significative, mais cette association est à interpréter prudemment, car elle ne permet pas de prouver la présence d’un lien de causalité entre une exposition à Estrella lausannensis et une présentation clinique de pneumonie.