Introduction : Les toxidermies médicamenteuses sont des réactions cutanées indésirables idiosyncrasiques qui surviennent lors de l’administration d’agents thérapeutiques. La grande majorité de ces affections sont bénignes et se résolvent spontanément dans les heures qui suivent. Cependant, une petite proportion des patients va développer des réactions sévères, phénotypiquement proches des brûlures pouvant évoluer dans une situation où le pronostic vital sera engagé, requérant ainsi, un traitement en soins intensifs, et plus spécifiquement au sein d’unités dédiées aux brûlés. Les principes de traitement, en particulier infirmiers, présentent des analogies avec celles des grands brûlés, raison pour laquelle ces patients sont traités dans l’unité dédié aux brûlés.
Les données concernant le traitement nutritionnel et métabolique de ces patients étant lacunaires, l’objectif de cette étude est d’observer l’application des recommandations, destinées initialement aux brûlés, à la patientèle admise pour toxidermie.
Méthode : Étude de cohorte rétrospective incluant les patients admis entre 2006 et 2020 aux Soins Intensifs (SI) du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV). Statistiques descriptives. Données en médianes et IQR. L’étude a été complétée par une recherche de littérature dans les bases médicales classiques.
Résultats: 35 patients âgés de 58 [48;69] ans séparés en Syndrome de Stevens- Johnson/Toxic Epidermal Necrolysis (SJS/TEN) (n=27) et autres toxidermies (n=8) inclus prospectivement avec NRS (Nutrition Risk Score) médian à l’admission de 5 points, avec une mortalité globale de 23%. Surface corporelle décollée = 45% [30 ;60]. Durée d’intubation = 1.93 [0 ;18.9] jours. Durée de séjour en SI = 16 [6.5 ; 26] jours sans variations significative entre les deux groupes de patients.
On observe une progression significative (p<.0001) des apports d’énergie médians (+44%) et en macronutriments (protéines (+100%), glucides (+44,7%), lipides (+57,8%)) au cours de l’hospitalisation mais les apports d’énergie et de protéines sont inférieurs aux recommandations durant la première semaine (p<.0001).
Démarrant avec des valeurs très basses, on observe des augmentations significatives de l’albuminémie (+22.7%), la préalbuminémie (+48.1%) et de la zincémie (+49,7%) (p<0.05) au cours du jour mais avec des valeurs médianes absolues d’albuminémie et de préalbuminémie inférieures aux valeurs de référence (p<0.05) durant toute la durée du séjour. Zincémie médiane inférieures aux valeurs de référence durant la 1e semaine d’hospitalisation ; la cuprémie est basse d’une manière inattendue et reflète probablement un déficit.
Conclusion : Dans cette cohorte de patients à haut risque de dénutrition, on observe des apports inférieurs aux protocole des patients de SI, partiellement expliquée par des durées d’intubation courte, limitant l’usage de la calorimétrie indirecte pour évaluer leurs besoins nutritionnels. L’alimentation orale est peu efficace pouvant justifier la mise en place d’une alimentation parentérale d’appoint en l’absence de sonde d’alimentation entérale.