Objectif
L’UVAL - Ulcus Vulvae Acutum Lipschütz - est une maladie rare de la jeune adolescente, d’origine non vénérienne, se manifestant par une ou plusieurs ulcérations vulvaires, d’apparition aiguë. L’objectif de ce travail est de décrire les cas d’Ulcus Vulvae Acutum Lipschütz - UVAL, dans une population de jeunes patientes âgées entre 10 et 20 ans, qui ont consulté le service des Urgences Gynécologiques du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois entre 2000 et 2020. S’agissant d’une pathologie rare et largement méconnue, le but est de fournir une description des caractéristiques principales des UVALs, de déterminer le processus diagnostique le plus approprié ainsi que de décrire l’approche thérapeutique courante pour son traitement.
Méthode
Il s’agit d’une étude rétrospective et descriptive de cohorte, utilisant la base de données des urgences gynécologiques du CHUV à Lausanne entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2020.
Nous avons sélectionné toutes les situations pour lesquels une suspicion d’UVAL peut être émise. Pour chaque patiente, les critères étudiés sont les caractéristiques épidémiologiques, la présentation clinique des ulcères vulvaires, les examens de laboratoires réalisés, les diagnostics établis, les traitements prescrits ainsi que les issues et les récidives de la maladie. Nous nous sommes servis de l’algorithme diagnostique proposé dans l’article de référence (Sadoghi et al, 2020) pour calculer le nombre de cas qui ont reçu le diagnostic d’UVAL aux urgences gynécologiques et ceux qui ont reçu le diagnostic d’UVAL rétrospectivement avec l’application de l’algorithme. Les deux résultats seront comparés.
Résultats
Sur les 20 années étudiées, 15 patientes remplissaient les critères de sélection. La moyenne d’âge de l’échantillon est 15 ans ; 60% d’entre elles étaient virgo au moment de l’apparition de l’ulcère. Toutes les patientes avaient au moins un symptôme pseudo-grippal concomitant à l’ulcère vulvaire. 73% des cas ont présenté des ulcérations multiples. Le screening pour les infections sexuellement transmissibles et autres infections a mis en évidence deux infections (dans un cas à Herpès Simplex type 1 et dans l’autre à Herpès Simplex type 2). La sérologie virologique qui a été la plus réalisée est celle d’Epstein-Barr-Virus (7 cas sur 15), revenue positive pour les IgG dans 5 cas. La moyenne pour la durée de la prise en charge est de 10 jours et 93% des cas montraient à l’examen clinique des signes de régression de l’ulcère vulvaire. Nous avons identifié 10 cas d’UVAL diagnostiqués rétrospectivement par l’algorithme, la moitié de ces cas avaient été retenus comme UVALs aux urgences gynécologiques du CHUV et l’autre moitié étaient restés avec un diagnostic d’ulcère d’origine indéterminée alors qu’ils répondaient à tous les critères diagnostiques de l’algorithme.
Conclusion : L’UVAL est une maladie rare, douloureuse et non sexuellement transmissible. Son diagnostic différentiel est large, mais une meilleure connaissance de la maladie par les cliniciens qui y sont confrontés permettrait une approche plus aisée de son processus diagnostique. Cela pourrait diminuer la pratique d’examens de laboratoires estimés comme étant non pertinents et permettrait d’instaurer un traitement adapté pour la résolution des lésions. Des outils diagnostiques et thérapeutiques, présentés dans cette étude, pourraient guider le raisonnement clinique et ainsi améliorer la prise en charge des ulcères vulvaires aigus.