Introduction : Le cancer de l'œsophage, 8ème cancer le plus courant mondialement (7ème
chez les hommes, 13ème chez les femmes), présente deux principaux types : le carcinome
épidermoïde, lié à la consommation d’alcool et de tabac, et l'adénocarcinome associé au reflux
gastro-œsophagien et à l'obésité. En oncologie, comme en médecine humaine en général, les
études cliniques ont longtemps été centrées sur les hommes, excluant souvent les femmes en
âge de procréer en raison du risque de grossesse et des variations hormonales dues aux
cycles menstruels. Cela rend incertaine l'extrapolation des résultats sur l'efficacité et les effets
indésirables des traitements oncologiques à la population féminine. Le but de ce travail est
d'analyser les différences liées au sexe dans la survie et la prise en charge des patients
atteints de cancer de l’œsophage au CHUV sur une période de 5 ans.
Méthodes : Tous les patients consécutifs pris en charge pour un cancer de l’œsophage dans
notre centre entre janvier 2016 et décembre 2020 ont été identifiés via le registre du colloque
hebdomadaire multidisciplinaire d’oncologie digestive. Les patients ayant fourni un
consentement pour la recherche clinique, avec un diagnostic primaire de cancer de
l’œsophage ont été inclus à l’étude. Les caractéristiques cliniques et stade tumoral initial, le
choix de traitement, la survie et la récidive à long terme ont été évalués pour tous les patients.
Des analyses ont été réalisées afin de déterminer les différences liées au sexe pour le choix
de traitement et les résultats oncologiques à long terme.
Résultats : Nous avons analysé les données de 164 patients atteints de cancer de
l'œsophage, majoritairement des hommes (81.1%) Les types histologiques les plus fréquents
étaient l'adénocarcinome et le carcinome épidermoïde, ce dernier étant plus courant chez les
femmes. Le stade de diagnostic initial était plus précoce chez les femmes, un stade cN0
retrouvé chez 25.6% des hommes vs 51.6% des femmes (p=0.038).
La dysphagie était la manifestation clinique la plus fréquente. Les facteurs de risque principaux
incluaient le tabac, l'alcool, l’obésité et le RGO, sans différences significatives entre les sexes
mis à part un taux de cachexie (BMI<18.5) plus important chez les femmes (35.5% vs 6%,
p<0.001). La survie médiane était de 34 mois pour tous les patients, sans différence
significative entre les sexes ni pour la cohorte globale, ni pour les analyses de sous-groupe
par type histologique et stade tumoral.
Conclusion : Les femmes sont plus souvent diagnostiquées avec un carcinome épidermoïde
et à un stade plus précoce. Malgré un délai plus long entre le diagnostic et le début du
traitement chez les femmes, nous n’avons pas retrouvé des différences significatives dans la
prise en charge oncologique entre les deux sexes. De même, aucune différence de survie
significative n’a été objectivée entre les deux sexes.