La Suisse a pour particularité de fonder son droit de la nationalité sur un paradigme fédéraliste et de l'instituer selon une approche familiale de la communauté nationale. Dans ce contexte, sa politique de naturalisation établit des conditions d'accès dites « facilitées » à la nationalité pour les conjoint·e·s étrangères et étrangers de citoyen·ne·s suisses. Ils et elles doivent répondre auprès des fonctionnaires de l'État à des normes d'intégration et de conjugalité pour obtenir la nationalité. En se concentrant sur les espaces de (re)production des catégories sociales, cette recherche doctorale explore les trajectoires et les logiques d'acquisition de la nationalité suisse de candidat·e·s à la naturalisation facilitée par la voie du mariage. Elle discute des dynamiques de concertation et d'enchevêtrement entre la communauté familiale et la communauté nationale par une analyse des biais normatifs basés sur l'essentialisation (ou la culturalisation) du phénomène national. L'objectif est de comprendre les modalités de transformation sociale et juridique des couples binationaux en couples suisses. Elle s'appuie sur une enquête basée sur des entretiens conduits auprès de candidat·e·s mais également sur la jurisprudence concernant les cas d'annulation de la naturalisation facilitée par la voie du mariage. La thèse rend compte des dimensions familiales du choix de devenir suisse et montre comment s'opère le rapprochement entre la famille et la nation. Le contrôle étatique de l'intimité des couples représente un instrument de lutte contre des modèles familiaux indésirables, considérés comme mettant en péril l'imaginaire de la cohésion nationale, pendant que les actes de démonstration de l'intimité renvoient à des principes de signification des identités.
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Switzerland has the particularity of basing its nationality law on the paradigm of federalism and of instituting it according to a family approach to the national community. In this context, its naturalization policy has established so-called "facilitated" conditions of access to nationality for foreign spouses of Swiss citizens. They have to meet integration and conjugality standards with state officials to acquire citizenship. By focusing on the spaces of (re)production of social categories, this doctoral research explores the trajectories and logics of acquisition of Swiss nationality by candidates for facilitated naturalization by marriage. It discusses the dynamics of concertation and entanglement between the family community and the national community through an analysis of normative biases based on the essentialization (or culturalization) of the national phenomenon. The aim is to understand the modalities of social and legal transformation of binational couples into Swiss couples. It is based on a qualitative survey, based on interviews with candidates, as well as on the case law concerning the revocation of facilitated naturalization by marriage. The thesis considers the family dimensions of the choice to become Swiss and shows how the family and the nation are brought together. The state control of the intimacy of couples represents an instrument to fight against undesirable family models, considered as endangering the imaginary of national cohesion, while the acts of demonstration of intimacy refer to principles of meaning of identities.