Out of the workplace, into the streets? Tactical change in labor contention in Spain (2000-2017)
Details
Serval ID
serval:BIB_4177304665D1
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Out of the workplace, into the streets? Tactical change in labor contention in Spain (2000-2017)
Director(s)
Fillieule Olivier
Codirector(s)
Walley Christine
Institution details
Université de Lausanne, Faculté des sciences sociales et politiques
Publication state
Accepted
Issued date
30/03/2023
Language
english
Abstract
This thesis examines tactical changes in labor contention in early 21st-century Spain. The issue is addressed from two angles: first, by looking at changes in the uses of different modes of action and, second, by examining the changing patterns of inter-organizational interactions. The aim is to understand when, why and how organized labor's contentious tactics evolved over time. This research produces insights by bridging divides between two research areas: research on industrial conflict and protest analysis. Specifically, it relates their respective foci with regard to modes of action (strikes vs. street protests) and categories of actors (labor organizations vs. civil society organizations). Furthermore, at the theoretical level, the study combines those research areas' respective models for the causes of social contention.
The analysis relies on three data sources, each of which is examined with a distinct purpose. (1) Official aggregate data on strikes and street protests are examined with descriptive statistics and provide insights into general relationships between strikes and labor-related street protests in Spain. (2) A countrywide newspaper-based protest event data set is analyzed with the aid of novel network analytical tools, which allow for a dynamic appreciation of protest networks and network change. (3) Finally, the analysis of a wide range of data on Metro of Madrid – including union circular letters, observational field notes, and interview transcripts – grants an in-depth understanding of the precise sequences of interaction that underlie labor conflicts.
The analyses show that tactical changes in labor contention were spurred by organized labor's economic and political defeats as well as by inter-organizational competition. Early on in the economic crisis (2008-2013), economic defeats such as factory closures and mass dismissals initiated a relative shift away from strikes and toward the use of labor protests in the streets. The growing number of political defeats in the form of austerity measures and unilaterally decreed labor market reforms led to a further increase in labor protests and to shorter but more massive strikes. The sudden emergence of the Indignados (Outraged) movement in 2011 pressured organized labor to expand their presence in the streets and spurred trade unions to enter into broad anti-austerity coalitions. The lack of success of these mobilizations, however, represented another setback for organized labor. Increasingly weakened in their bargaining power, the workers again retreated into the workplace, where they resorted to more subtle forms of resistance – if at all.
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Cette thèse porte sur les changements tactiques dans les conflits du travail en Espagne au début du 21e siècle. Le sujet est abordé sous deux angles : premièrement, en examinant les changements dans le recours à différents modes d'action et, deuxièmement, en explorant l'évolution des interactions inter-organisationnelles. L'objectif est de comprendre quand, pourquoi et comment les tactiques contestataires ouvrières ont évolué au fil du temps. Cette recherche apporte une contribution à la littérature en rapprochant deux domaines de recherches souvent pensés séparément: la sociologie des conflits du travail et la sociologie de l'action protestataire. Sur le plan empirique, cette thèse fait le lien entre leurs objets de recherche de prédilection, notamment en ce qui concerne les modes d'action (grèves et manifestations de rue) et les catégories d'acteurs (syndicats et organisations de la société civile). Au niveau théorique, l'étude articule les modèles des causes de la contestation sociale propres à chaque domaine.
L'analyse s'appuie sur trois sources de données, chacune d'entre elles étant examinée avec un objectif particulier.
(1) Des données agrégées officielles sur les grèves et les manifestations de rue sont examinées à l'aide de statistiques descriptives et éclairent les liens généraux entre grèves et manifestations ouvrières en Espagne. (2) Une base de données d'événements protestataires est analysée à l'aide d'outils d'analyse de réseaux inédits, qui permettent une appréciation dynamique des réseaux protestataires et de leur transformation. (3) Enfin, l'analyse d'un large éventail de données sur le métro de Madrid - comprenant des lettres circulaires syndicales, des observations de terrain et des entretiens - permet de mieux comprendre les séquences d'interaction qui sous-tendent les conflits du travail.
Les analyses montrent que les changements tactiques dans la contestation ouvrière ont été favorisés par des défaites économiques et politiques des syndicats, ainsi que par la concurrence inter-organisationnelle. Au début de la crise économique (2008-2013), les défaites économiques telles que les fermetures d'usines et les licenciements massifs ont entraîné un déplacement relatif du recours à la grève vers les manifestations syndicales dans la rue. Le nombre croissant de défaites politiques sous la forme de mesures d'austérité et de réformes du marché du travail décrétées unilatéralement a favorisé le recours aux manifestations ouvrières et a conduit à des grèves plus courtes mais plus massives. L'émergence soudaine du mouvement des Indignados (Indignés) en 2011 a poussé les organisations syndicales à accroître leur présence dans la rue et les a incitées à former de larges coalitions contre les mesures d'austérité. Le manque de succès de ces mobilisations a toutefois représenté une nouvelle défaite pour les syndicats. De plus en plus affaiblis dans leur pouvoir de négociation, les salariés se sont repliés sur leur lieu de travail, où ils ont recouru à des formes de résistance plus subtiles.
The analysis relies on three data sources, each of which is examined with a distinct purpose. (1) Official aggregate data on strikes and street protests are examined with descriptive statistics and provide insights into general relationships between strikes and labor-related street protests in Spain. (2) A countrywide newspaper-based protest event data set is analyzed with the aid of novel network analytical tools, which allow for a dynamic appreciation of protest networks and network change. (3) Finally, the analysis of a wide range of data on Metro of Madrid – including union circular letters, observational field notes, and interview transcripts – grants an in-depth understanding of the precise sequences of interaction that underlie labor conflicts.
The analyses show that tactical changes in labor contention were spurred by organized labor's economic and political defeats as well as by inter-organizational competition. Early on in the economic crisis (2008-2013), economic defeats such as factory closures and mass dismissals initiated a relative shift away from strikes and toward the use of labor protests in the streets. The growing number of political defeats in the form of austerity measures and unilaterally decreed labor market reforms led to a further increase in labor protests and to shorter but more massive strikes. The sudden emergence of the Indignados (Outraged) movement in 2011 pressured organized labor to expand their presence in the streets and spurred trade unions to enter into broad anti-austerity coalitions. The lack of success of these mobilizations, however, represented another setback for organized labor. Increasingly weakened in their bargaining power, the workers again retreated into the workplace, where they resorted to more subtle forms of resistance – if at all.
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Cette thèse porte sur les changements tactiques dans les conflits du travail en Espagne au début du 21e siècle. Le sujet est abordé sous deux angles : premièrement, en examinant les changements dans le recours à différents modes d'action et, deuxièmement, en explorant l'évolution des interactions inter-organisationnelles. L'objectif est de comprendre quand, pourquoi et comment les tactiques contestataires ouvrières ont évolué au fil du temps. Cette recherche apporte une contribution à la littérature en rapprochant deux domaines de recherches souvent pensés séparément: la sociologie des conflits du travail et la sociologie de l'action protestataire. Sur le plan empirique, cette thèse fait le lien entre leurs objets de recherche de prédilection, notamment en ce qui concerne les modes d'action (grèves et manifestations de rue) et les catégories d'acteurs (syndicats et organisations de la société civile). Au niveau théorique, l'étude articule les modèles des causes de la contestation sociale propres à chaque domaine.
L'analyse s'appuie sur trois sources de données, chacune d'entre elles étant examinée avec un objectif particulier.
(1) Des données agrégées officielles sur les grèves et les manifestations de rue sont examinées à l'aide de statistiques descriptives et éclairent les liens généraux entre grèves et manifestations ouvrières en Espagne. (2) Une base de données d'événements protestataires est analysée à l'aide d'outils d'analyse de réseaux inédits, qui permettent une appréciation dynamique des réseaux protestataires et de leur transformation. (3) Enfin, l'analyse d'un large éventail de données sur le métro de Madrid - comprenant des lettres circulaires syndicales, des observations de terrain et des entretiens - permet de mieux comprendre les séquences d'interaction qui sous-tendent les conflits du travail.
Les analyses montrent que les changements tactiques dans la contestation ouvrière ont été favorisés par des défaites économiques et politiques des syndicats, ainsi que par la concurrence inter-organisationnelle. Au début de la crise économique (2008-2013), les défaites économiques telles que les fermetures d'usines et les licenciements massifs ont entraîné un déplacement relatif du recours à la grève vers les manifestations syndicales dans la rue. Le nombre croissant de défaites politiques sous la forme de mesures d'austérité et de réformes du marché du travail décrétées unilatéralement a favorisé le recours aux manifestations ouvrières et a conduit à des grèves plus courtes mais plus massives. L'émergence soudaine du mouvement des Indignados (Indignés) en 2011 a poussé les organisations syndicales à accroître leur présence dans la rue et les a incitées à former de larges coalitions contre les mesures d'austérité. Le manque de succès de ces mobilisations a toutefois représenté une nouvelle défaite pour les syndicats. De plus en plus affaiblis dans leur pouvoir de négociation, les salariés se sont repliés sur leur lieu de travail, où ils ont recouru à des formes de résistance plus subtiles.
Keywords
Industrial conflict, strike, street protest, tactical repertoires, Spain, Conflit du travail, grève, manifestation, répertoires tactiques, Espagne.
Create date
09/07/2019 9:42
Last modification date
20/03/2024 7:12