Super glamour, pin-up ou ultra-blonde, les qualificatifs n’ont pas manqué pour décrire le physique plantureux de Mae West (1893-1980). L’actrice dont les lèvres inspirèrent, entre autres, un tableau à Salvador Dali est aujourd’hui encore un sex-symbol, les marins britanniques appelant toujours leurs gilets de sauvetage "Mae West", en hommage à sa poitrine chaleureuse. Mais si l'on se souvient donc de West comme d'une vamp d'avant guerre, cette image, caricaturale, est loin de lui rendre justice. Car si West avait un décolleté avantageux, elle avait surtout un cerveau et ce fut bien cet organe qui lui assura le succès. Avant de passer au cinéma, elle se fit ainsi d’abord connaître par ses pièces de théâtre, dont la première, Sexe (1926), lui valut de faire huit jours de prison. En un mot, West avait résumé le projet de sa vie : parler, ouvertement et avec humour, de la sexualité et des tabous de la société américaine. Évoquant le désir féminin, l’homosexualité ou la prostitution, sa lecture anticonformiste mettait à mal les visions médicales et les normes de genre de son époque. Et, pourtant, contre la censure et les canons sexistes, Mae West parvint à imposer sa vision et ses textes sur la scène d’Hollywood. Cette contribution offre donc de revenir sur la carrière hors-norme de cette grande dame du cinéma, et de redécouvrir, sous le sex-symbol, une des plumes féminines les plus acérées de sa génération.