Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) se définit par des déficits de communication et
d’interactions sociales associés à un caractère restreint et répétitif des comportements, des
intérêts et des activités (1). La notion de spectre élargit l’éventail de présentations du trouble,
suivant l’intensité de ces déficits et la présence concomitante de : déficit intellectuel (DI),
d’altération du langage, de pathologie médicale ou génétique connue, d’un autre trouble
développemental, ou de catatonie (1). La capacité de sociabilisation en est restreinte, et les
interactions peuvent être vécues comme des évènements stressant, voire traumatisant.
Ces associations de troubles participent à la complexité de la compréhension des besoins de
cette population, et affectent directement leurs capacités de communication. Des formes du
TSA minimalement verbal ou non-verbal sont décrites lorsqu’elles coexistent avec un déficit
intellectuel sévère (DIS) ainsi qu’une atteinte du développement du langage. Elles participent
à la création d’environnements propices au stress, dans lesquels les interactions sociales
peuvent se traduire en crises d’agressivité d’intensité variable. Ces comportements défis
(CD) sont fréquemment présents pour cette population, sans pour autant être partie
intégrante du TSA. Ils peuvent provenir des éprouvés corporels à travers le système
sensoriel, des émotions ressenties, ou encore du stress adaptatif à l’environnement. Etant
dans l’incapacité de verbaliser et de communiquer leurs sentiments, besoins, envies, ou
encore peurs, les CD apparaissent comme une alternative pour s’exprimer.
Cependant, l’identification des causes de ces CD reste floue. Afin de remédier au manque
de clarté des raisons de ces crises, l’utilisation de la technologie permettrait d’identifier des
variations physiologiques liées au stress, ce qui permettrait de caractériser les CD. Les
paramètres visés sont ceux décrits dans la théorie polyvagale du Dr. Porges.
Cette étude s’intéresse à l’enregistrement des variations physiologiques de la variabilité de la
fréquence cardiaque, de la conductance cutanée, et de la température corporelle, par le port
d’un bracelet E4 Empatica par les patients, pendant des séances d’observation, afin
d’identifier les CD propres à un individu.
Pour se faire, nous avons pu récolter des données sur deux patients hospitalisés à l’unité
Epione du CHUV, qui répondent aux critères du TSA minimalement ou non verbal. Le
bracelet connecté est porté pendant des activités usuelles des patients, afin que les séances
d’observation correspondent à leur quotidien. Les CD sont quantifiés par leur intensité,
durée, l’antécédent, et leur fonction, puis sont corrélés avec les variations physiologiques
captées par le dispositif embarqué.
L’analyse n’a pas été contributive pour le premier patient, en lien avec le nombre insuffisant
d’évènements relevés et de la précision des données récoltées. En revanche, cela a permis
une amélioration des conditions d’observation pour le second patient. La création d’un
algorithme a ainsi permis la détection et la caractérisation (stress ou communication) de 98%
des CD observés, grâce aux paramètres physiologiques recherchés. Plus de données sont
nécessaires sur ce même patient afin d’obtenir des variations prédictives de CD. 14 autres patients sont en cours de recrutement visant la construction d’un algorithme efficient dans
l’ensemble de la population TSA. Ce travail ouvre la possibilité d’un champ de surveillance,
de caractérisation et de prévention des CD, facilitant un accompagnement plus adapté à ces
personnes vulnérables.