Charles-Albert Cingria au présent, une écriture aux prises avec son t:emps. Réactions, appropriations, renouvellements : du poème-essai à la chronique moderne
Details
Serval ID
serval:BIB_336DDEF4E4DF
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Charles-Albert Cingria au présent, une écriture aux prises avec son t:emps. Réactions, appropriations, renouvellements : du poème-essai à la chronique moderne
Director(s)
Maggetti Daniel
Institution details
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Publication state
Accepted
Issued date
2024
Language
french
Abstract
Souvent jugée atypique, inclassable, tant pour son contenu que pour son inclination à revisiter les genres, l’œuvre de Charles-Albert Cingria (1883-1954) a été peu lue à l’aune de son contexte artistique et intellectuel. Pourtant, son écriture « réactive » est constamment aux prises avec les transformations littéraires et artistiques des premières décennies du XXe siècle, autant sur. le plan thématique, que poétique et générique. Ses textes, qui entremêlent aux considérations sur le monde moderne un regard admiratif et érudit sur le passé, prennent leur pleine mesure, notamment discursive et esthétique, dès lors qu’ils sont envisagés comme une confrontation caractérisée avec un certain état de la littérature. Ce travail se donne pour tâche de montrer de quelle(s) façon(s) Ch.-A. Cingria construit son œuvre en donnant la réplique aux courants modernes : aussi bien ceux des grands centres urbains — les avant-gardes parisiennes et italiennes des années 1910-1920 (dada, le cubisme, le futurisme) qui proclament la tabula rasa, puis le mouvement surréaliste - que ceux issus des périphéries (les helvétises et d’autres courants régionalistes).
La situation de l’auteur est en ce sens représentative de la démarche de tout écrivain qui tenterait d’exister en marge des courants dominants de la première moitié du XXe siècle, en s’en démarquant certes, mais aussi en s’en inspirant, leur demeurant de facto, et paradoxalement, lié. Car au-delà de la dimension « réactive », Cingria agit volontiers par réappropriation conceptuelle et formelle pour faire valoir son point de vue sur le savoir, l’art, la morale ou les modes de pensée. Voilà deux autres caractéristiques de son « discours littéraire », entendu au sens de Dominique Maingueneau, qui sont ciblées au fil du travail. En se fondant sur une connaissance très fine des textes de ses contemporains, en intégrant des notions ou des manières de faire, Cingria finit par contribuer lui aussi au renouvellement littéraire.
Le parcours que nous proposons se concentre sur l’entre-deux-guerres, considérant les années 1920, moment où se cristallise chez l’écrivain une poétique du présent qui coïncide avec le recours au genre de la chronique, comme le véritable point de départ de l’œuvre. Cette forme souple et brève, inscrite dans le présent, foncièrement liée aux expériences et aux conceptions de l’auteur, permet notamment l’actualisation des temps anciens. C’est en déclinant des formes proches de ce genre (récit de journée, récit de promenade, poème en prose) dans un contexte propice à l’essor des revues littéraires et en leur donnant un traitement résolument moderne - il revisite les apports de Baudelaire, de Stendhal, de Jarry ou de Max Jacob, tout en injectant ses propres apports narratifs, énonciatifs — que Cingria construit une œuvre originale et novatrice. Ainsi, lorsque Jean Paulhan fait appel à lui, en 1934, il le fait contribuer à une nouvelle veine qu’il souhaite développer à La NRF, autour d’une « chronique de la vie intime ». Mais avant devenir cet auteur au seuil de la reconnaissance critique, sur le point de s’établir dans le milieu des lettres parisiennes, Cingria a connu une trajectoire sinueuse dont l’un des contours déterminants se situe en Suisse romande, autour du mécène lausannois Hemy-Louis Mermod. Il y trouve des conditions éditoriales, matérielles, mais aussi un goût propices au développement de son écriture qui l’amèneront à endosser un rôle de chroniqueur moderne, et à dialoguer avec Valéry Larbaud ou Léon-Paul Fargue.
La situation de l’auteur est en ce sens représentative de la démarche de tout écrivain qui tenterait d’exister en marge des courants dominants de la première moitié du XXe siècle, en s’en démarquant certes, mais aussi en s’en inspirant, leur demeurant de facto, et paradoxalement, lié. Car au-delà de la dimension « réactive », Cingria agit volontiers par réappropriation conceptuelle et formelle pour faire valoir son point de vue sur le savoir, l’art, la morale ou les modes de pensée. Voilà deux autres caractéristiques de son « discours littéraire », entendu au sens de Dominique Maingueneau, qui sont ciblées au fil du travail. En se fondant sur une connaissance très fine des textes de ses contemporains, en intégrant des notions ou des manières de faire, Cingria finit par contribuer lui aussi au renouvellement littéraire.
Le parcours que nous proposons se concentre sur l’entre-deux-guerres, considérant les années 1920, moment où se cristallise chez l’écrivain une poétique du présent qui coïncide avec le recours au genre de la chronique, comme le véritable point de départ de l’œuvre. Cette forme souple et brève, inscrite dans le présent, foncièrement liée aux expériences et aux conceptions de l’auteur, permet notamment l’actualisation des temps anciens. C’est en déclinant des formes proches de ce genre (récit de journée, récit de promenade, poème en prose) dans un contexte propice à l’essor des revues littéraires et en leur donnant un traitement résolument moderne - il revisite les apports de Baudelaire, de Stendhal, de Jarry ou de Max Jacob, tout en injectant ses propres apports narratifs, énonciatifs — que Cingria construit une œuvre originale et novatrice. Ainsi, lorsque Jean Paulhan fait appel à lui, en 1934, il le fait contribuer à une nouvelle veine qu’il souhaite développer à La NRF, autour d’une « chronique de la vie intime ». Mais avant devenir cet auteur au seuil de la reconnaissance critique, sur le point de s’établir dans le milieu des lettres parisiennes, Cingria a connu une trajectoire sinueuse dont l’un des contours déterminants se situe en Suisse romande, autour du mécène lausannois Hemy-Louis Mermod. Il y trouve des conditions éditoriales, matérielles, mais aussi un goût propices au développement de son écriture qui l’amèneront à endosser un rôle de chroniqueur moderne, et à dialoguer avec Valéry Larbaud ou Léon-Paul Fargue.
Create date
17/07/2024 10:37
Last modification date
18/07/2024 6:06