Ce travail explore la clinique psychanalytique dans le contexte particulier de l’accompagnement de patient·e·s en situation d’exclusion et exprimant une souffrance en lien avec le traumatisme. Partant du paradoxe entre la demande de tout oublier et l’attente thérapeutique d’un dire de soi, nous travaillons la malléabilité de nos postures cliniques, et développons quelques repères dans des pratiques de soin éprouvantes. Pour ce faire, nous commençons par un travail d'historicisation du concept de traumatisme entre la fin du XIXe et le XXIe siècle, afin d’argumenter son inscription dans des présupposés universels et anhistoriques, et dans un lien entre savoir et pouvoir. Nous nous intéressons ensuite aux enjeux éthiques de la recherche et de la clinique auprès de cette population. Enfin, nous travaillons quatre rencontres cliniques issues de notre pratique au sein d’une structure d’accueil psychologique et social à Lausanne en Suisse, par une méthodologie centrée sur l’écriture du cas afin de déployer des axes de compréhension clinico-théoriques face au traumatisme et à l’exclusion qui transportent le soin hors des coordonnées habituelles du langage et de la symbolisation. Cette thèse propose les notions de traumatisme par les conditions de vie et de métapsychologie de la révolte, et discute une posture clinique axée sur la fonction de reconnaissance, qui interroge notre cadre face à l’auto-exclusion (Furtos, 2002) et la pulsion anarchiste (Zaltzman, 2011), affirmant la nécessité d’assurer une continuité dans l’accompagnement psychosocial, même lorsque l’exclusion et la violence envahissent nos dispositifs et que le sujet se trouve aux prises avec le clivage au Moi (Roussillon, 1999).