Depuis les années 60, les films helvétiques ne semblent pas s'intéresser particulièrement à la barrière linguistique qui sépare la Suisse alémanique et Ia Suisse romande. Cela reste surprenant, notamment pour ce qui concerne les années 70, qui voient se développer des sujets en prise avec l'identité nationale et f image de la Suisse. Pour approcher la question du clivage, il est pourtant possible de s'attacher à certaines réalisations en particulier qui, même si elles abordent le sujet par la bande, le traitent de manière novatrice. Messidor (1979) d'Alain Tanner et le court métrage Temps mort, tourné peu avant par le cinéaste pour la télévision, suggèrent une réflexion originale sur la question de la frontière. C'est qu'une interrogation de la limite linguistique ne peut faire l'économie de la définition de cette notion. L'article ne propose ni un commentaire de films ni une illustration historique, mais bien la mise en place d'un concept original à partir de deux œuvres esthétiques. Après avoir analysé le fonctionnement d'une frontière clôturante, la discussion en vient à construire un concept de frontière qui échappe aux présupposés du r, ce qui implique une redéfinition du schème fondamental de l'identité.