Introduction : Les fuites anastomotiques représentent le risque le plus important lors
de chirurgie colorectale. Malgré les progrès technologiques, leurs incidences sont
restées stables ces dernières années, allant de 6.4 à 19% en fonction de la position
anatomique de l'anastomose (risque augmentant plus la suture est distale). C'est une
complication grave qui augmente considérablement le risque de morbidité (sepsis,
temps d'hospitalisation prolongé, chimiothérapie adjuvante retardée voir annulée, taux
de récidive augmenté), de mortalité et de coût de la santé. Par conséquent, la
prévention de ces fuites est un sujet d'intérêt croissant ces dernières années, et de
nouveaux concepts per-opératoires ont émergé. L’une de ces avancées est l’utilisation
du vert d’indocyanine (ICG – Indocyanine Green) qui permet, avec une caméra néo-
infrarouge et la réalité augmentée, de visualiser la bonne vascularisation d'une
anastomose. L’injection de ce colorant fluorescent est de plus en plus utilisée en
chirurgie colorectale et semble réduire le risque de fuite. Si la perfusion est jugée
insatisfaisante, le chirurgien peut décider de modifier le plan initial de résection et de
réséquer dans une zone mieux perfusée.
Objectifs et méthode : Cette revue de littérature examine l'impact qu’a le
changement d’attitude chirurgicale suite à l’utilisation d’ICG sur le taux de fuite
anastomotique. Les articles retenus sont des études cas témoins sélectionnées par une
recherche PubMed.
Résultats : L’utilisation d’ICG permet une réduction significative du taux de fuite
globale à 2.6% contre 6.7% dans les groupes contrôles. Le changement d’attitude
chirurgicale diminue l’incidence des fuites à seulement 0.18%. L’impact est encore plus
important lorsque l’anastomose se situe au niveau rectal.
Conclusion : Ces résultats suggèrent que l'ICG peut aider à identifier les patients à
haut risque de fuite, car cette complication survient plus fréquemment chez les
anastomoses mal perfusées. Cependant, d'autres facteurs sont également impliqués
dans la survenue de cette complication, donc le changement d'attitude chirurgicale ne
permet pas de l'éliminer complètement.
Plusieurs grandes études prospectives randomisées, actuellement en phase III,
pourraient bientôt résoudre les limitations actuelles des études en fournissant des
données plus solides.