Contexte : La bronchoscopie est un outil diagnostic et thérapeutique clé en médecine. Avec l’augmentation du nombre d’étudiants en médecine et l’importance de la sécurité des patients,
la méthode d’enseignement traditionnelle du « See one, do one, teach one » devient de moins en moins envisageable. La simulation médicale représente une solution efficace pour pallier cette problématique. Les avancées technologiques récentes ont permis le développement de simulateurs haute-fidélité pour enseigner la bronchoscopie souple. Ces simulateurs offrent un apprentissage sans risques pour le patient, sur des modèles anatomiques tridimensionnels vir- tuels, avec des essais illimités. Cependant, ils restent coûteux comparés à des simulateurs basse-fidélité utilisés traditionnellement. Faut-il investir dans ces nouvelles technologies pour former les étudiants à la bronchoscopie souple ?
Méthodologie : Une étude pilote randomisée en simple aveugle a été menée au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, incluant 24 étudiants en médecine (Master 1, 2 et 3) sans ex-
périence préalable en bronchoscopie. Tous les participants ont reçu une heure de formation théorique commune sur l'anatomie trachéobronchique et la technique de bronchoscopie souple, dispensée par un expert. Ensuite, chaque groupe a bénéficié de trente minutes de pra- tique non supervisée sur un simulateur. Le groupe SBF s’est entraîné sur un simulateur basse- fidélité (Fibrobox FLAVA®), tandis que le groupe SHF s’est entraîné sur un simulateur haute-fidé- lité (Computer Airway Simulation System®, Medvirt Sarl, Dino, Suisse). Enfin, chaque étudiant a réalisé trois bronchoscopies imposées sur un mannequin (AirSim Advance Bronchi X®, Trucorp Ltd., Lurgan, Irlande du Nord) évaluées par des experts via un score objectif. La satisfaction des participants au type d’enseignement reçu a été mesurée à l’aide d’une échelle de Likert. Toute p-value inférieure à 0,05 a été considérée comme statistiquement significative.
Résultats : Aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes. Bien que les étudiants du groupe SBF aient tendanciellement effectué les tests de bronchoscopie
sur mannequin plus rapidement, ceux du groupe SHF ont obtenu un meilleur taux de réussite à chaque objectif. Les résultats du questionnaire de satisfaction révèlent une plus grande satis- faction envers la méthode d’entraînement ainsi qu’une meilleure préparation pour l’évaluation finale dans le groupe SHF. Les étudiants de ce groupe estiment également que leur méthode était plus efficace pour l’apprentissage de l’anatomie trachéobronchique. Globalement, les étudiants sont très satisfaits de cette expérience pédagogique.
Conclusion : Cette étude pilote a démontré l’efficacité d’un programme d’enseignement de la bronchoscopie pour des étudiants en médecine sans expérience fibroscopique préalable.
Bien qu'il n’ait pas été possible de prouver des différences significatives entre les deux groupes, une tendance à une exécution plus rapide, mais à une moindre précision dans la reconnais- sance anatomique, a été observée chez les étudiants du groupe basse-fidélité. Ce type d’ensei- gnement a été uniformément apprécié, avec une nette préférence des étudiants pour l’entraîne- ment sur simulateur haute-fidélité. Pour mieux étudier les différences entre ces deux types de simulateurs, une étude randomisée incluant un collectif plus important d’étudiants devra être organisée dans le futur.