Objectifs
Observer et comparer le taux d’activité physique de patients souffrant de douleurs chroniques à l’aide d’accéléromètres avant, après et à 1 mois d’un traitement par perfusion de kétamine, et ainsi observer si le traitement de kétamine modifie l’impact des douleurs ressenties par le patient sur sa mobilité. Corréler l’activité physique avec la douleur subjective du patient pour démontrer une modification quantifiable de la fonction.
Méthode
Les participants à l’étude ont été recrutés parmi les patients souffrant de douleurs chroniques bénéficiant d’un traitement par perfusion de kétamine sur 3 jours au centre d’antalgie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Les patients qui ont accepté de participer, ont porté un accéléromètre pendant une semaine avant la séance de perfusion, puis pendant une semaine après les perfusions, ainsi que pendant une semaine à un mois de distance du traitement. Les patients ont répondu à un questionnaire sur la douleur : Brief Pain Inventory (BPI) et à un questionnaire sur les comorbidités psychologiques de la douleur : Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS) avant le traitement et à long terme, c’est-à-dire à un mois du traitement. Ils ont également rempli un journal de bord chaque jour où ils portaient l’accéléromètre. Plusieurs questions concernant la douleur composaient ce journal de bord.
Résultats
12 patients souffrant de douleurs chroniques ont participé à l’étude, 7 femmes et 5 hommes âgés de 24 à 74 ans. Les résultats indiquent que nos participants étaient majoritairement sédentaires, et que l’activité physique était peu impactée par le traitement de kétamine. Certains patients (N=6) ont augmenté leur taux d’activité sédentaire à long terme (de +1% à +10%) alors que pour d’autres (N=3) ce taux a diminué (de -5% à -8%). La douleur moyenne a surtout diminué la semaine après le traitement de kétamine mais pas à long terme. A long terme, les scores BPI sévérité ont augmenté pour 5 patients et diminué pour 5 patients. Le score interférence du BPI a augmenté pour 5 patients et diminué chez 5 autres. Le score HADS anxiété a augmenté pour 5 patients, et a diminué pour 4 autres. Le score HADS dépression a augmenté pour 2 patients, a diminué pour 6 patients et est resté inchangé pour 1 patient. Une corrélation négative a été observée entre activité physique sédentaire et douleur moyenne.
Conclusion
La kétamine a modifié les données post-traitement et à long terme des patients, mais de manière très variable. Il n’est donc pas possible d’affirmer que la kétamine est efficace pour tous les patients. Elle pourrait être utile pour certains patients mais pas pour d’autres, et il conviendrait d’évaluer la pertinence du traitement individuellement et d’étudier une population plus grande pour déterminer les pathologies pour lesquelles l’impact sur la mobilité est un outcome d’intérêt.