Le dialogue des Lumières. Cosmopolitisme et débats de réforme dans la Société littéraire de Lausanne (1772-1783)
Details
Serval ID
serval:BIB_03FE20D114AD
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Le dialogue des Lumières. Cosmopolitisme et débats de réforme dans la Société littéraire de Lausanne (1772-1783)
Director(s)
Kapossy Béla
Institution details
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Publication state
Accepted
Issued date
2021
Language
french
Abstract
Cette recherche porte sur la Société littéraire de Lausanne, une société de réforme qui a été active à deux reprises entre 1772 et 1783, pour un total de presque cinq ans. Pratiquant une forme de sociabilité alors courante en Europe, ses membres s'assemblaient hebdomadairement pour discuter de questions convenues à l'avance portant principalement sur la philosophie morale et l'étude de la société civile. Les sociétaires étaient recrutés tant au sein de l'élite lausannoise que dans la communauté des étrangers séjournant en ville, ce qui faisait de la Société littéraire une institution remarquablement cosmopolite par rapport aux autres institutions provinciales similaires de l'époque : plus que la moitié de ses membres étaient issus d'autres régions du continent, de l'Ecosse à la Russie, en passant par l'Angleterre, les Provinces-Unies, la France, Genève, la Pologne et différentes régions de l'Allemagne. La Société littéraire ne constitue donc pas seulement un témoignage de la vie culturelle et intellectuelle de la région: elle permet aussi d'étudier les dynamiques de circulation des pratiques et des idées dans l'Europe du XVIIIe siècle. Par là, elle invite à interroger l'interprétation des Lumières comme un phénomène pluriel divisé en plusieurs courants en fonction de leur déclinaison régionale ou confessionnelle, aujourd'hui dominante dans la recherche historique sur le sujet.
La Société littéraire se caractérise par sa composition socialement élitaire, cosmopolite et intergénérationnelle. Ses membres sont ainsi recrutés au sein de l'élite locale et de ses hôtes étrangers, en particulier parmi ceux connus pour leurs talents intellectuels, qu'ils soient des figures connues ou des jeunes en début de carrière. Le règlement de l'institution pose comme objectifs la « recherche de la vérité» et plus en général l'amélioration de la condition humaine dans ce monde, mais les sociétaires poursuivent plutôt une « recréation utile », qui puisse leur offrir des moments agréables tout en poursuivant une activité utile. Les membres adoptent ainsi une organisation souple, adaptée à cette visée et aux attentes des sociétaires issus de différentes régions du continent. Dans leurs assemblées hebdomadaires, ils approfondissent des sujets qui ne requièrent pas un haut degré de spécialisation, de la philosophie morale à l'étude de la société civile, et se dédient ponctuellement à des projets d'utilité publique, dont le seul qui se concrétisera est celui de l'établissement d'une bibliothèque publique à Lausanne. Parmi les débats les plus intéressants de la Société littéraire, il faut compter ceux sur la sensibilité, sur les préjugés et sur le luxe, trois thèmes abondamment débattus dans l'Europe de l'époque, auxquels les membres de l'institution apportent des réponses originales et parfois en contradiction d'un sociétaire à l'autre.
En définitive, le cas de la Société littéraire de Lausanne invite à se demander si les Lumières ne constitueraient pas davantage un cadre conceptuel partagé, basé sur des notions développées par des auteurs influents et ayant pour but l'amélioration de la condition humaine dans ce monde, plutôt qu'une doctrine cohérente ou une série de doctrines. Comme le montre cette thèse, le recours à des mêmes notions n'implique pas qu'elles soient acceptées ou interprétées de la même manière par tous. Le cadre conceptuel des Lumières constituerait donc un périmètre mouvant et ouvert aux contradictions, mais tout de même délimité, avec des frontières. L'analyse de la pensée des auteurs du XVIIIe siècle à l'échelle du continent européen, en interrogeant le processus dialectique qui s'opère entre les dimensions locale et continentale, comme l'encourage le cas de la Société littéraire, pomnit ainsi nous aider à mieux saisir les Lumières et leur héritage.
La Société littéraire se caractérise par sa composition socialement élitaire, cosmopolite et intergénérationnelle. Ses membres sont ainsi recrutés au sein de l'élite locale et de ses hôtes étrangers, en particulier parmi ceux connus pour leurs talents intellectuels, qu'ils soient des figures connues ou des jeunes en début de carrière. Le règlement de l'institution pose comme objectifs la « recherche de la vérité» et plus en général l'amélioration de la condition humaine dans ce monde, mais les sociétaires poursuivent plutôt une « recréation utile », qui puisse leur offrir des moments agréables tout en poursuivant une activité utile. Les membres adoptent ainsi une organisation souple, adaptée à cette visée et aux attentes des sociétaires issus de différentes régions du continent. Dans leurs assemblées hebdomadaires, ils approfondissent des sujets qui ne requièrent pas un haut degré de spécialisation, de la philosophie morale à l'étude de la société civile, et se dédient ponctuellement à des projets d'utilité publique, dont le seul qui se concrétisera est celui de l'établissement d'une bibliothèque publique à Lausanne. Parmi les débats les plus intéressants de la Société littéraire, il faut compter ceux sur la sensibilité, sur les préjugés et sur le luxe, trois thèmes abondamment débattus dans l'Europe de l'époque, auxquels les membres de l'institution apportent des réponses originales et parfois en contradiction d'un sociétaire à l'autre.
En définitive, le cas de la Société littéraire de Lausanne invite à se demander si les Lumières ne constitueraient pas davantage un cadre conceptuel partagé, basé sur des notions développées par des auteurs influents et ayant pour but l'amélioration de la condition humaine dans ce monde, plutôt qu'une doctrine cohérente ou une série de doctrines. Comme le montre cette thèse, le recours à des mêmes notions n'implique pas qu'elles soient acceptées ou interprétées de la même manière par tous. Le cadre conceptuel des Lumières constituerait donc un périmètre mouvant et ouvert aux contradictions, mais tout de même délimité, avec des frontières. L'analyse de la pensée des auteurs du XVIIIe siècle à l'échelle du continent européen, en interrogeant le processus dialectique qui s'opère entre les dimensions locale et continentale, comme l'encourage le cas de la Société littéraire, pomnit ainsi nous aider à mieux saisir les Lumières et leur héritage.
Create date
26/01/2022 13:56
Last modification date
27/01/2022 7:34